In Beauquel Julia & Pouivet Roger (eds.),
Philosophie de la danse. Aesthetica, Presses Universitaires de Rennes. pp. 65-77 (
2010)
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Abstract
Une réflexion philosophique sur l’art de la danse peut être enrichie par la
thèse selon laquelle les émotions ne s’opposent pas à la rationalité. C’est du moins
la conception qui sera développée ici. Loin d’être en lutte perpétuelle contre la
raison, nos émotions témoignent de la complexité propre aux êtres humains que
nous sommes : libres, réfléchis, capables de percevoir, de comprendre et de réagir
aux choses qui nous entourent de manière objective et rationnelle – dans un sens
large du terme qui n’exclut pas la vie émotionnelle. Les mouvements dansés
rendent également compte de cette complexité.
L’objet de ce chapitre n’est cependant pas l’expression des émotions dans la
danse. Il s’agit plutôt d’examiner la nature des mouvements eux-mêmes, dans la
danse artistique, avec un intérêt particulier pour les styles de danse occidentale qui
font un usage important du poids du corps dans les déséquilibres, les mouvements
de rebond, les chutes, et la force d’inertie qui suit certains élans. Une grande partie
de la danse contemporaine ou des danses dites actuelles est constituée par ce genre
de mouvements dont la présence était par exemple bien plus réduite, voire nulle,
dans le ballet classique connu pour son goût de la légèreté et de l’apesanteur.