Comment une nouvelle divinité, munie de ses attributs spécifiques, ses timai et ses épiphanies, peut-elle être créée? Par qui? Et à quelles fins? Qui seront ses prêtres et ses fidèles? La documentation hellénistique confère une perspective historique aux aspects cultuels, sociaux et idéologiques de ces phénomènes religieux et les cultes des souverains sont un cas particulier de l’établissement et de l’acceptation de nouveaux dieux. Les cultes de souveraines n’ont que très récemment reçu l’attention qu’ils méritent. L’article étudie les cas de (...) Bérénice Ire, Arsinoé II et Laodice V afin de fournir de nouvelles interprétations de quelques fêtes dynastiques et d’étudier la relation entre les cultes de souverains et la légitima­tion du pouvoir féminin. La discussion repose surtout sur des papyrus et des inscriptions, mais l’analyse conclusive de l’Idylle XVII de Théocrite montre que la logique poétique de la légitimation du pouvoir entre en résonance avec celle qu’attestent les sources non littéraires. (shrink)

Telle que l’a définie Christiane Sourvinou-Inwood, la polis religion est intimement liée à la formation des identités religieuse, civique et culturelle, et elle est davantage concernée par le groupe dominant que par l’individu. Cet article pose la question de savoir si le système religieux laisse de la place à des conceptions qui ne relèvent pas du groupe dominant et dans quelle mesure un tel système peut s’accomoder de la variété. En partant du culte des Tyrannoctones à Athènes, il s’agit de (...) montrer que ce culte offre une version spécifique de la mise à terre du tyran et de l’établissement de la démocratie qui rencontre les besoins de la cité. Cette version n’a pas empêché d’autres de circuler, mais ces traditions alternatives ne pouvaient pas entrer indéfiniment en compétition avec la cité et elles se sont dès lors éteintes. Au total, la polis religion peut inclure des voix multiples, mais les groupes qui les portent doivent sans cesse lutter contre les influences de la version dominante, qui est celle de la cité. (shrink)

Hellenistic ruler cult has generated much scholarly interest and an enormous bibliography; yet, existing studies have tended to focus on the communal character of the phenomenon, whereas the role of private individuals (if any) in ruler worship has attracted little attention. This article seeks to redress this neglect. The starting point of the present study is an inscription Διὶ | καὶ βασιλεῖ | Φιλίππωι Σωτῆρι on a rectangular marble plaque from Maroneia in Thrace. Since the text was published in 1991, (...) it has been disputed whether the king in question is Philip II or Philip V of Macedon. The question is further complicated by a newly published text from Thasos, plausibly restored to read [Β]ασιλέως Φιλί[ππου] | σωτῆρος. The identity of the king in these texts is a matter of great historical significance: if Philip II is meant, not only would this impinge on the question of his divinity, he would also be the first king called Sōtēr, thus providing the earliest attestation of a cult epithet spreading from the traditional gods to monarchs. The first part of this article will re-examine the king's identity by studying these two texts in connection with other dedications similarly addressed to a ‘King Philip’ and apparently set up by private individuals. The second will move beyond Macedonia: it will draw on potential parallels from the Attalid, Seleucid and Ptolemaic kingdoms and explore the possible contexts in which individuals set up similar objects. It will be demonstrated that, while there is evidence from other Hellenistic kingdoms of seemingly ‘private’ dedications set up according to civic or royal commands, in Macedonia the piecemeal and isolated nature of the evidence does not permit a conclusive answer. But whether set up spontaneously or by civic command, these objects provide important evidence for the interaction between the public and the private aspects of ruler worship. (shrink)