La conception de la politique de Kant suscite aujourd’hui des débats controversés. Elle est souvent perçue comme hostile à l’expérience, dédaigneuse de la prudence, et peu ouverte à la faculté de juger, lorsqu’elle n’est pas contestée dans son existence même. Prolongeant les efforts de réhabilitations entrepris ces dernières années, nous soutenons au contraire que la théorie de la politique comme « doctrine du droit appliquée » occupe une place essentielle dans la philosophie pratique de Kant en assurant le passage des (...) purs principes de droit dans la réalité. Cette fonction de médiation, qui affirme la réalisabilité de l’idéal, en même temps que sa fragilité, évite deux écueils également funestes, celui d’une absorption de la politique dans la morale et le droit, et celui de son autonomie. La conciliation hiérarchisée à laquelle elle parvient entre propositions déontiques et considérations conséquentialistes, nous semble pouvoir éclairer encore les débats contemporains. (shrink)