Les études récentes consacrées à la pensée épistémologique de Bachelard en France et en Italie mettent en évidence le caractère créatif et propulsif assigné aux mathématiques dans la construction du réel physique. Les travaux de Bachelard consacrés à la mécanique quantique dans les années '30, et en particulier à la physique théorique de Dirac, introduisent un concept particulier, celui de« rêverie anagogique » pour comprendre le caractère toujours plus abstrait et créateur de la mathématique dans la pensée des différents niveaux (...) de la réalité physique. Sur les traces de ce que Federigo Enriques qualifiait de « poésie mathématique », Bachelard propose une véritable « nouménologie mathématique » qui fournit les bases épistémiques pour comprendre I '« efficacité rationnelle » des mathématiques et leur application au réel. Pour toutes ces raisons, Bachelard utilisera dans ces années-là un terme nouveau pour désigner son engagement rationaliste: le « surrationalisme » qui condense ce qu' Enriques appelait « la philosophie implicite » dans les sciences, soit la « pensée des sciences » où, à travers la fonction jouée par la « rêverie anagogique », les mathématiques mettent en acte les « enjeux » continus du rationnel comme tel. (shrink)

To believe that logic has no history might at first seem peculiar today. But since the early 20th century, this position has been repeatedly conflated with logical monism of Kantian provenance. This logical monism asserts that only one logic is authoritative, thereby rendering all other research in the field marginal and negating the possibility of acknowledging a history of logic. In this paper, I will show how this and many related issues have developed, and that they are founded on only (...) one prominent statement by Kant. I will argue, however, that this statement takes on a very different meaning in a broader context of the history and philosophy of science, and that Kant and his supporters never advocated the logical monism that they are still said to hold today. (shrink)

Le développement et la complexité, qui ont caractérisé les débats sur la structure conceptuelle des sciences au xxe siècle, ont déterminé la naissance d'une nouvelle discipline, l'histoire de l'épistémologie, avec l'objectif de tracer une histoire critique de notre « patrimoine épistémologique » avec des méthodologies plus appropriées de nature historique et théorique. Une histoire critique de la philosophie des sciences nous montre beaucoup de « Wenden » au-delà de celles plus bien connues, néopositiviste et post-néopositiviste ; en Italie et en (...) France, dans les dix premières années du xxe siècle, a pris naissance une tradition de recherche épistémologique de nature néorationaliste, avec des noyaux théoriques spécifiques pour l'importance accordée à l'historicité de la science. L'épistémologie néorationaliste italo-française a privilégié l'analyse des rapports entre la pensée mathématique et la pensée physique, telle que l'on peut la caractériser comme une véritable épistémologie de la physique mathématique; de plus, cette approche différente, dessinée d'abord par Federigo Enriques et ensuite par Gaston Bachelard, Albert Lautman et Ferdinand Gonseth, a permis de comprendre déjà dès les années trente la « philosophie implicite » dans les travaux de Kurt Godel et d'Hermann Weyl. (shrink)

The article shows the strategic analogies, but also the differences between Bachelard and Canguilhem on the use of the history of science for epistemology. It emphasizes the importance of the ideology for Canguilhem, and the conceptual essence he recognizes in the history of science, which is read in its internal specific differences and in its complex articulations with life and reality. No concept, in fact, comes from nothing. The link between history and epistemology is not however of subjection, but of (...) mutual influence. Canguilhem radicalizes the thought of Bachelard, and recognizes the historicity of every aspect of scientific knowledge, even of its less valued features and above all of errors. All aspects of Science are historical. The object of the history of science is not the object of the sciences, because it is always a discourse. This is why the history of science is inevitably linked to other forms of history. This opens up a pluralist conception of History and of Time, thinking of the sciences in their real body and no longer ideal or legal. Thus Canguilhem opens the way to the researches of Foucault and Serres. (shrink)