Cet article est consacré au fragment B23 d’Empédocle, où l’auteur met en relation la génération des espèces vivantes à partir des quatre éléments avec l’art pictural dont les productions résultent des divers mélanges d’un nombre limité de pigments. La première partie aborde la dimension heuristique de l’analogie dans le cadre du récit cosmologique, notamment la question de la correspondance entre comparans et comparandum. À l’intérieur de cette relation, un problème grammatical et théorique retient mon attention : alors que le sujet (...) et les verbes du fragment sont au pluriel, les procédés des peintres sont exprimés par des participes au duel. Ces duels ont souvent été interprétés comme des allusions aux deux puissances cosmiques d’Empédocle, l’Amour et la Haine. Prenant appui sur l’interprétation récente du cycle cosmique donnée par Oliver Primavesi, selon laquelle même dans la période où la Haine domine, l’Amour reste le principe de production des espèces mortelles, je propose d’interpréter les duels comme une allusion aux mains de Cypris, l’une des personnifications du pouvoir démiurgique de l’Amour. En ce sens, la lecture que je propose ici de l’analogie s’avère compatible avec les deux courants interprétatifs principaux de la zoogonie d’Empédocle (unique/double). Dans la deuxième partie de l’article, j’analyse l’écart réflexif que l’analogie des peintres introduit par rapport à deux formes de discours contemporaines d’Empédocle qui thématisent la question de la représentation : d’une part, la tradition lyrique, notamment Simonide et Pindare ; de l’autre, le poème philosophique de Parménide. (shrink)

This thesis is a study of Archaic and Early Classical philosophical poetry within the competitive context which characterized the poetic production of that period. In particular, I evaluate the ideas and arguments of Xenophanes, Parmenides, Epicharmus and Empedocles in the context of the social and cultural aspects of Archaic poetic performance in order to evaluate their response to traditional agonism. As I argue, these figures entered the poetic contest not only to defeat their poetic adversaries, but also to transform and (...) redefine the terms of the competition itself. Chapter 1 is devoted to the analysis of three institutionalized forms of poetic agonism: sympotic games, rhapsodic contests, and dramatic performances. In chapter 2, I evaluate the socio-political import of Xenophanes' poetry and argue that his conception of the greatest god serves to substantiate his moral prescriptions aimed at eliminating civic conflict. In chapter 3, I examine Parmenides' original notion of alētheia as logical deduction, whereby he provides a solution to the problem of the truth-status of poetry stemming from the Muses' ability to inspire both genuine and false accounts, as narrated in Hesiod's Theogony. Chapter 4 provides an analysis of Empedocles' polemic allusions to his poetic and philosophical predecessors. I argue that Empedocles' confidence in his poetic authority is ultimately grounded on his self-declared divine status, which grants him a unique and comprehensive poetic knowledge. In chapter 5, I evaluate Epicharmus' philosophical fragments against the background of early rhetoric and argue that, through the use of philosophically inspired arguments, Epicharmus aimed to make manifest philosophy's agonistic potential and to show how it could be exploited to one's own advantage. (shrink)

The studies of Empedocles have made headway in showing that Empedocles postulated a double zoogony. Whereas this has been traditionally related to the hypothesis of two worlds per cycle, some Empedoclean fragments provide evidence for a double zoogony in a cosmic cycle with one world. How can we reconcile the hypothesis of two zoogonies with the assumption of a unique world? Whereas there have been attempts to address this question by retaining the traditional idea of two opposite zoogonic periods or (...) phases, I contend that Empedocles’ fragments invite us to a reconsideration of his notion of a double birth and death of mortal beings. (shrink)

Les cinq contributions que l’on va lire ont été présentées et discutées lors d’une journée d’étude organisée par Leopoldo Iribarren et André Laks (Centre Léon Robin, UMR 8061) les 11 et 12 février 2011 dans le cadre du programme ANR « Présocratiques Grecs/Présocratiques latins » (ANR Blanc ANR 08‑BLAN‑0063‑01, responsable A. Laks). Couvrant quelques aspects centraux ou représentatifs de la pratique pré‑aristotélicienne de l’analogie et de la réflexion (le plus souvent implicite) dont celle-ci...