Cet article se propose de décrire le projet épistémique des sciences des systèmes complexes. Domaine interdisciplinaire fondé par le Santa Fe Institute en 1984 aux États-Unis, il a été décrit par ses représentants comme un champ d’étude interdisciplinaire, post-laplacien, holiste et antiréductionniste. Des journalistes populaires et des sociologues intéressés et qui ont soutenu ce domaine en ont repris les discours, en annonçant l’avènement d’un nouveau paradigme révolutionnaire pour tous les savoirs. Dans ce texte, on montrera que le projet épistémique des (...) sciences de la complexité est moins pluraliste, antipositiviste et antiréductionniste que ce que l’on en dit. Je tâcherai de montrer en quoi le cadre épistémologique et ontologique de ce champ d’études reste analytique et réductionniste dans un sens physicaliste, computationnaliste, mathématique et biologisant. (shrink)

Complexity sciences have become famous worldwide thanks to several popular books that served as echo chambers of their promises. These consisted in departing from “classical science” defined as deterministic, reductionist, analytic and mono-disciplinary. Their founders and supporters declared that complexity sciences were going to give rise (or that they have given rise) to a post-Laplacian, antireductionist, holistic and interdisciplinary approach. By taking a closer look at their content and practices, I argue in this article that, because of their physics-oriented, computationalist, (...) and mathematical assumptions, complexity sciences have paradoxically produced knowledge at odds with these four tenets. (shrink)