Bion de Borysthène, qui a fréquenté l’école académicienne (Xénocrate), cynique (Cratès) et cyrénaïque (Théodore), ne faisait pas partie des listes traditionnelles d’athées en circulation dans l’Antiquité, mais on lui attribue pourtant la formule athée d’après laquelle « il n’y a pas de dieux » (Diogène Laërce, IV, 55). L’examen des témoignages montre qu’il pouvait être qualifié d’athée à deux niveaux. Tout d’abord, aussi bien au niveau théorique que pratique, il adoptait une attitude très critique à l’égard des pratiques religieuses et (...) des récits mythiques traditionnels dont il mettait en valeur les contradictions et plus largement contestait la partition du réel entre sacré et profane (Sénèque, Des bienfaits, VII 7, 1-2). Par ailleurs, Bion s’est également opposé à la théologie philosophique épicurienne et, en particulier, à son anthropomorphisme. Il s’appuyait, entre autres, sur une thèse (« chaque genre de vivants a une forme particulière dans son genre particulier », Démétrius Lacon, De la forme du dieu, XIX, 13), compatible avec l’épicurisme. Pour cette raison, Démétrius Lacon entreprit d’y répondre en montrant que cette prémisse, pouvant aussi servir à contester les théologies astrales (platoniciennes ou stoïciennes), ne vaut que pour les êtres accessibles par la sensation, ce qui n’est pas le cas des dieux. Cette polémique, dont l’enjeu est la limite de l’application du principe d’isonomie, a laissé des traces jusque dans le De signis de Philodème. (shrink)

Prodicus gained a reputation for formulating a novel theory concerning the origins of religious belief, sometimes labelled as atheistic in antiquity, notably by the Epicureans. He suggests that humans initially regarded as gods whatever was useful for their survival such as fruits and rivers, and in a more advanced stage they deified culture heroes such as Demeter and Dionysus. I first suggest that Prodicus’ theory can be connected with other doctrines attributed to him, especially the speech concerning “Heracles’ choice” and (...) the keen interest in the etymology of words. Moreover, I argue that the different representations of his theory reflect the debate between the Epicureans and the Stoics concerning the involvement of gods in human and cosmic affairs. An examination of the fragmentary evidence shows Prodicus to be a thinker who was interested in the rise of civilization in general, and so his theory was part and parcel of a large-scale project to explain several interconnected aspects of social life in rational terms. (shrink)

On a longtemps pensé que l’athéisme était une invention moderne, qui n’était possible qu’avec les Lumières, en réaction contre la religion catholique, préparée par la Réforme et favorisée par l’avènement de la science moderne. Longtemps ignoré, l’athéisme antique a connu un regain d’intérêt avec les travaux pionniers de Marek Winiarczyk dans les années 1970-1990, puis avec ceux plus récents de Jan Bremmer, David Sedley ou Tim Whitmarsh. Dans son livre récent, T. Whitmarsh soutient que l’athéi...