L’impartialité engagée : objectivité scientifique et engagement moral

In Christian Byk (ed.), Les scientifiques doivent-ils être responsables ? Fondements, enjeux et évolution normative. Les Études Hospitalières. pp. 137-154 (2013)
  Copy   BIBTEX

Abstract

L’humanité est devenue facteur d’évolution au niveau planétaire. En complexifiant toujours plus les modalités de ses relations avec l’environnement, elle pense trouver dans la science l’outil principal de son développement et en définitive de sa survie. La science, en effet, est un système d’acquisition de connaissances qui génère une interprétation systématique et rationnelle du monde naturel ethumain, jamais définitive et en renouvellement continu. En tant qu’explication rationnelle des phénomènes naturels et sociaux, elle nous permet de raffiner sans cesse la compréhension de notre place et notre rôle dans le monde. Au vu des enjeux inhérents à l’exploitation des acquis scientifiques et de leurs conséquences sur la vie des populations humaines et sur les équilibres biosphériques, continuer à imaginer que les scientifiques vivent isolés dans une sorte de tour d’ivoire de la connaissance, éloignée de l’agitationde la πόλις, signifie ignorer que la responsabilité sociale est consubstantielle à l’activité de la science. Un scientifique ne vit pas dans un vacuum social, il est porteur de valeurs sociales dans la sphère scientifique. En même temps, il véhicule dans la sphère sociale des valeurs qui découlent de son activité. Si, d’une part, son rôle est celui de développer des connaissances qui soient à la fin du processus d’enquête scientifique exemptes de la marque de la subjectivité, d’autre part, pendant ce processus les valeurs s’affrontent en laissant le dernier mot aux tests expérimentaux et observationnels propres à la méthode scientifique. En dernière analyse, ce sera la réalité phénoménologique qui tranchera vis-à-vis des multiples modèles et constructions épistémiques, plus ou moins imprégnés de valeurs, soumis par l’ensemble de la communauté scientifique. La Conférence générale de l’Organisation des Nations-Unies pour l’éducation, la science et la culture (UNESCO), réunie à Paris en 1974, a adopté la Recommandation concernant la condition des chercheurs scientifiques, où ont été définis normes et principes pouvant servir de guide pour optimiser l’activité de recherche et les conditions de sa mise en place. Au vu de la complexité toujours croissante des relations entre la science et la société, la Commission nationale française pour l’UNESCO (CNFU) a été consultée sur la mise à jour de la Recommandation en focalisant son attention sur la question de la responsabilité morale des scientifiques dans l’exercice de leur profession.

Author's Profile

Analytics

Added to PP
2015-05-22

Downloads
320 (#49,738)

6 months
55 (#71,437)

Historical graph of downloads since first upload
This graph includes both downloads from PhilArchive and clicks on external links on PhilPapers.
How can I increase my downloads?