Abstract
Partout des appels formels invoquant la démocratie sont lancés : la démocratie comme première condition
requise pour une gouvernance politique respectueuse des intérêts des citoyens et des équilibres de
l’environnement. En même temps, une multitude d’indices convergents configurent une gestion de la res publica
par une caste oligarchique politico-économique dont la propension à gérer les ressources environnementales se
caractérise par l’absence de prise en compte du bien commun sur la base d’intérêts particuliers sans tenir compte
des équilibres biosphériques (Bergandi, 2014 : 63-81). Quel est le rôle des sciences et des scientifiques dans un
tel contexte? Ou plus précisément, quel est le rôle des sciences et des scientifiques dans des questions à
l’interface entre science et société, générant des controverses socio-scientifiques? Jusqu’à quel point les sciences
peuvent-elles encore effectivement incarner l’idéal de la neutralité axiologique, durablement implanté par le
positivisme à partir du XIXe siècle à la fois dans l’éthique scientifique et dans l’inconscient des scientifiques,
telle une constante, apparemment inéliminable, de la science? Est-il possible de trouver un juste équilibre
(épistémique et éthique) entre objectivité scientifique d’un côté, engagement moral et politique de l’autre?
L’idée de « sciences impliquées » est-elle une forme de pensée oxymorique cachant un non-sens
épistémologique? Ou bien, exprime-t-elle un besoin, une nécessité à la fois épistémique, éthique et politique qui
nous permettrait de mieux cerner les innombrables et complexes enchevêtrements entre les sciences
contemporaines et la société?[