Abstract
Dans son article « L’anarchie en philosophie politique », Francis Dupuis-Déri (2007) tente de réhabiliter l’anarchisme face au silence dont il est victime en philosophie politique. Dans cet article, j’entends accepter l’invitation de Dupuis-Déri à prendre au sérieux l’anarchisme et, plus particulièrement, le modèle général d’organisation politique qu’il propose en tentant de répondre à cette question : l’anarchisme est-il un régime politique moralement défendable ? Je réponds par la négative en montrant que l’anarchisme fait face à un trilemme qu’il ne peut, par définition, résoudre. Ainsi, (1) soit l’anarchisme n’est pas moralement souhaitable, (2) soit il se confronte aux mêmes problèmes que rencontrent (selon les anarchistes) la démocratie ainsi que les autres régimes politiques concernant l’autorité et la coercition, (3) soit son application, dans sa version « pragmatique », se réduit à des communautés, ce qui permet en quelque sorte d’évacuer les problèmes soulevés dans les deux autres branches du trilemme, mais ne les résout pas pour autant.