Abstract
Les sciences cognitives poursuivent un objectif fort ancien, qui consiste, sommairement dit,
à décrire et à expliquer les comportements intelligents. Elles appliquent à cet effet des principes
méthodologiques moins traditionnels, dont l'adoption définit ce qu'il est convenu d'appeler le
"tournant cognitif". Je me propose ici d'exposer brièvement ces principes, de les illustrer par des
exemples appropriés et d’en discuter la signification philosophique. Pour l’essentiel, j’ai mis en
avant un domaine qui me semble particulièrement pertinent pour les philosophes: l'analyse de la
catégorisation, c'est-à-dire du processus par lequel un ensemble d'entités (stimuli sonores ou visuels,
objets concrets ou abstraits) en vient à être classifié en catégories séparées, qui peuvent être
de type perceptif (phonèmes, couleurs) ou conceptuel (espèces naturelles, types d'événements,
catégories esthétiques et morales).