Abstract
Aujourd’hui délaissées, parfois devenues gênantes, les collections médicales furent pourtant à l’avant-garde du renouveau de la médecine au début du XIXe siècle, avant que celle-ci ne devienne la médecine telle que nous la connaissons aujourd’hui. Selon une vision courante de l’histoire de la médecine, les collections médicales auraient perdu de leur utilité lorsque la médecine a accédé au statut de science expérimentale, les musées d’anatomie faisant alors place aux laboratoires. Les collections d’anatomie-pathologie comme le musée Dupuytren ne seraient que le reliquat de cette histoire, le témoignage d’un échec méthodologique à opposer aux succès de la physiologie expérimentale. Cette narration de l’histoire de la médecine est-elle cependant correcte ? Dans quels buts épistémologiques les médecins ont-ils créé ces collections ? Quelles connaissances cherchaient-ils à obtenir par ce biais ? Plus généralement, pourquoi collecter en médecine – et en science – et pourquoi collectionner ? Pour répondre à ces questions, je m’intéressai principalement dans cette contribution aux pratiques de collecte et de collection chez les médecins de la Société Anatomique de Paris au XIXe siècle et au rôle joué par ces pratiques dans la construction de la collection Dupuytren.