Abstract
Selon l’une des thèses les plus répétées de la médecine narrative, la théorie littéraire, ou plus largement, la narration, permettrait aux membres du personnel médical d’appréhender les récits des patients et par là, de prendre en considération leurs expériences dans leur singularité absolue. Dans ma contribution, je soulignerai quelques limites de cette thèse. J’appuierai mon analyse sur un exemple de récit dominant de maladie, les récits portant sur le cancer du sein aux États-Unis au XXe siècle, à partir des analyses féministes qui en ont été faites. Ainsi je montrerai d’une part qu’il est peu plausible que les récits des patients soient absolument singuliers et uniques, en un sens pertinent, et d’autre part que certains récits peuvent devenir dominants et marginaliser des récits qui voudraient s’en démarquer.