Abstract
Le verdict du tribunal de la raison, institué par la critique kantienne, commande la fin de la métaphysique qui se muerait en croyance rationnelle, absolument nécessaire dans le cadre de la raison pratique et de ses exigences d’intelligibilité. Cependant, l’assimilation existentielle de l’impossibilité de la métaphysique par Kleist déclenche non seulement le sentiment de finitude et d’humilité de la raison, mais aussi le refus tragique, désespéré, d’une science strictement phénoménale et d’une solution croyante pour apaiser son besoin de vérité absolue. Ainsi, une catastrophe, comme le tremblement de terre de Lisbonne ou du Chili, convoque des significations contrastées : Kant s’attache à la mécanique naturelle et à la possibilité d’un dessein inscrutable, tandis que Kleist éprouve la vie sous le signe du hasard, « voyage sans but », dont le mouvement offre le dynamisme diasporique du salut impossible.