Abstract
Évoquer Dante Alighieri (v. 1265-67 – 1321), c’est avant tout penser au poète de la Divine Comédie, mais c’est souvent oublier qu’il fut aussi un philosophe médiéval. C’est ce que fait (re)découvrir Ruedi Imbach dans son opuscule paru chez Vrin en 2023. Il y regroupe quatre articles afin de démontrer que Dante se considérait lui-même comme un philosophe, et que l’histoire de la philosophie peut à bon droit s’en souvenir ainsi. Il ne s’agit pas là d’une simple querelle de titre, puisque ce double regard, à la fois philosophique sur son œuvre poétique et critique sur son œuvre philosophique1, permet de découvrir une pensée plus méconnue de cette période, surtout dominée par les universitaires parisiens. Nonobstant sa forme de compilation, l’ouvrage s’articule autour des grands axes présentés dès les premières pages : l’analyse touche à la conception du langage chez Dante, à sa philosophie politique et au dialogue qu’il entretient avec la tradition philosophique. À travers chaque sujet, Imbach soutient que le fil conducteur de la pensée de Dante est l’élévation, à rebours de ses contemporains, de l’éthique au-dessus de la métaphysique