Abstract
L’objectivité permettrait d’assurer la supériorité de la science par rapport à d’autres modes de connaissance. Elle doit donc être défendue, surtout en cette « ère de post-vérité » où les « faits alternatifs » remplacent les faits avérés, en politique comme ailleurs. Or les attaques proviennent autant de l’extérieur que de l’intérieur de la sphère philosophique. Il convient donc de tenter d’opérer la réconciliation la plus large possible avec deux représentants de clans (très) opposés, Mario Bunge et Bruno Latour. Réinvestissant les grandes conceptions de la notion d’objectivité, je propose ici trois chantiers pour cette réconciliation : la mise au rancart des conceptions naïves et parfois insincères de la science, la réévaluation des contextes de découverte et de justification, et celle de la distinction faits-valeurs.