Abstract
Il est communément admis, aussi bien par les spécialistes que les non-spécialistes de la Grèce antique, qu'Aristote considère le barbaros ou l'autre Non-Grec comme radicalement distinct des Grecs (peut-être même racialement) et intrinsèquement inférieur à eux. Cette idée puise sa source dans ses remarques sur l'esclavage, sur les institutions politiques non grecques, sur les caractères naturels ou ethniques. Mais l’idée la plus répandue manque de nuance, et est souvent affirmée à tort en faisant l’économie d’un examen attentif des bases textuelles. Cet article, qui est une sous-section d'un essai plus vaste sur les institutions politiques non-grecques (comme le traitement par Aristote de la politeia de Carthage dans Politique 2.11), soutient qu'Aristote ne distingue pas catégoriquement (et encore moins racialement) les Grecs et les Non-Grecs, ni n’approuve l’assertion selon laquelle les Grecs sont supérieurs aux non-Grecs. En effet, Aristote s'appuie régulièrement sur des institutions politiques non-grecques dans sa propre formulation de la meilleure constitution.