Ithaque 27 (Automne 2020):21-46 (
2020)
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Abstract
Cet article s’intéresse aux injustices épistémiques à l’œuvre dans le milieu médical et en particulier dans la pratique du diagnostic. Il s’inscrit dans la continuité des discussions philosophiques liées aux injustices épistémiques, et résonne en particulier avec le travail de Miranda Fricker sur l’injustice herméneutique1. Le but principal est de montrer que l’accès au diagnostic est un enjeu de justice épistémique. Les critiques de la médicalisation dénoncent depuis longtemps des torts épistémiques causés par le milieu médical – par exemple la pathologisation liée au diagnostic. Tout en reconnaissant ces dangers, nous montrons, à travers une analyse de témoignages et de contenus produits par des personnes diagnostiquées de différentes conditions, que des bénéfices épistémiques peuvent aussi découler d’un diagnostic. Ainsi, nous proposons de distinguer entre bienfait thérapeutique et bienfait herméneutique du diagnostic. Ensuite, nous défendons que certains déficits de diagnostics constituent des injustices herméneutiques structurelles. Nous avançons finalement l’idée qu’une approche reconnaissant et valorisant les bienfaits épistémiques du diagnostic peut avoir un impact positif sur nos pratiques médicales, et peut également jeter un éclairage nouveau, plus charitable, sur les pratiques d’autodiagnostic.