Abstract
Cet article se propose explorer le cas de l’« architecte-historien », terme par lequel je désigne un architecte prenant lui-même en charge son histoire. Ainsi, quelle est la signification, pour un architecte, d’une telle prise en charge de l’interprétation de son œuvre? Aldo Rossi, en 1981, publie A Scientific Autobiography, livre qui constitue une enquête sur les sources de sa propre création. Mon intention dans cet article est de déchiffrer et de comprendre la position de la notion d’introspection dans la réflexion d’Aldo Rossi. Un des objectifs de ma contribution est de montrer quelle est la signification de cette introspection pour le domaine de l’architecture. Dans l’épigraphe de son autobiographie, Rossi pose la question suivante : « Dès lors, à quoi ai-je pu aspirer dans mon métier? » (Rossi, 1988 [1981a] : 5). Cette interrogation montre sa volonté de mettre en question ou au moins d’examiner son apport à la connaissance et à la pratique architecturales. La réponse qu’il propose à sa propre question est la suivante : « [C]ertes à peu de choses, vu que la possibilité de réaliser de grandes choses est historiquement forclose. » (Rossi, 1988 [1981a] : 5).