Abstract
Faulkner a bâti une partie de sa renommée sur la violence parfois controversée de ses récits. Mais l’acte criminel retient moins son attention que son contexte et sa signification morale. L’objet premier de la littérature, selon Faulkner, ce sont les conflits de l’homme, ou du cœur humain, avec eux-mêmes. Le propos de cet article est de mettre en évidence la façon dont Faulkner subvertit le modèle du roman noir, et substitue à l’enjeu traditionnel des histoires policières, celui des faits et de l’identité du coupable, un problème moral. Il donne quelques indications sur la structure générale des rapports crime-culpabilité dans l’œuvre de Faulkner, avant de montrer comment cette thématique se décline dans ses « histoires de crime » au sens propre, c’est-à-dire dans L’Intrus (Intruder in the dust, 1948) et Le Gambit du cavalier, et irrigue la reconstitution faulknérienne de la société du Sud et de l’histoire des États-Unis.