Abstract
Je m’interroge dans cet article sur les implications du principe libertarien de la pleine propriété de soi sur la question du rapport moral à soi-même. À travers le principe de la pleine propriété de soi, les libertariens défendent la liberté entière de chacun de vivre comme il l’entend, pourvu que les droits des autres soient respectés. Apparemment, ce principe n’a pas grand-chose à nous dire sur ce que nous sommes moralement autorisés à nous faire à nous-mêmes ou non. Certains
libertariens, comme Vallentyne, soutiennent toutefois que le principe de la pleine propriété de soi est incompatible avec l’existence de devoirs envers soi. La pleine propriété de soi impliquerait l’indifférence morale du rapport à soi. Je soutiens dans cet article que le principe de la pleine
propriété de soi n’implique pas que ce que nous nous faisons à nous-mêmes soit moralement indifférent. Je veux aussi montrer que même si les libertariens, et en particulier Vallentyne, soutiennent la thèse de l’indifférence morale du rapport à soi, celle-ci n’est pas liée à la thèse de la pleine propriété de soi, mais bien plutôt à leur subjectivisme moral.