Encyclopédie Philosophique (
2018)
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Abstract
On conçoit souvent la jalousie comme une émotion ayant pour objet les relations de proximité (amour, amitié, fratrie, etc.). Elle a généralement mauvaise presse et est typiquement envisagée comme une émotion moralement condamnable, voire comme un vice. Or, la jalousie ne porte pas uniquement sur les relations de proximité : elle peut également porter sur divers biens (prestige, richesses, biens matériels, privilèges, etc.). Par ailleurs, certains auteurs soutiennent que des cas de jalousie pourraient être moralement justifiés, voire que la jalousie pourrait être une vertu. La jalousie paraît également jouer un rôle dans l’institution et le maintien d’institutions visant à perpétuer des inégalités entre les individus jaloux de leurs avantages et ceux qu’ils envisagent comme des concurrents cherchant à les déposséder de leurs biens. De fait, la jalousie paraît utile pour la théorie politique de par les liens qu’elle entretient avec la justice distributive. Cet article propose, dans la première section, une discussion portant sur la nature de la jalousie où elle est contrastée avec l’envie et l’indignation. Dans la seconde section, on se demandera si la jalousie est un vice, ou si elle peut être parfois moralement justifiée, ou même être une vertu. La troisième section traitera les rôles joués par la jalousie collective dans la justice distributive et la fondation et le maintien d’institutions sociales visant à protéger les intérêts des jaloux. Pour le faire, le cas de la jalousie économique, telle que David Hume et Adam Smith la concevaient dans les relations commerciales entre États européens au XVIIIème siècle, est considéré.