Abstract
La réalité ne suffit plus, il faut l’augmenter ! Tel un slogan qui sonnerait le
glas de l’ennui, cette phrase s’inscrit au cœur du spectacle de la plasticienne
américaine Claudia Hart, figure centrale des nouvelles expérimentations entre
scène interactive, computer-art et performance aux États-Unis. Dans The Alices
(Walking), un spectacle créé en collaboration avec le compositeur Edmond
Campion et présenté pour la première fois en 2014 au Eyebeam Center for Art
+ Technology de New York, il s’agit de questionner les mutations du visuel et de
l’écrit dans un monde de plus en plus perçu à travers le filtre des technologies
digitales. Dans ce spectacle aux allures de défilé de mode, ces mutations prennent
la forme de costumes « site internet » (website dresses). Cinq acteurs défilent sur
le plateau et circulent entre porte-manteaux vides et chaises momentanément
occupées par des spectateurs invités à venir décrypter les codes incrustés dans la
matière plastique des costumes. Les spectateurs se connectent à une application
via leur téléphone ou tablette et scannent les costumes lorsque les acteurs défilent
devant eux. Ces costumes sont de formes sculpturales diverses, à géométrie et
couleurs variables, dans lesquelles des codes informatiques ont été incrustés. Ces
codes détiennent du contenu visuel (textes et images en mouvement) qui n’est
accessible qu’à travers un écran programmé pour déchiffrer en réseau les codes
numériques de ces robes du futur.