Abstract
Cette étude cherche à rendre compte d’un trait particulier et pratiquement inobservé dans la fondation gadamérienne de l’herméneutique philosophique. Si l’on connaît bien le rôle du platonisme — et plus spécifiquement du dialogue platonicien — parmi les sources au sein desquelles Gadamer a puisé pour formuler le caractère dialogique du comprendre, on a rarement noté que la phénoménologie du dialogue sur laquelle s’appuie une telle fondation s’inscrivait en faux par rapport à son modèle sur un point bien précis : l’ironie, qu’elle soit socratique ou platonicienne. Nous proposons ici que pour bien expliquer la relation trouble que la fondation dialogique de l’herméneutique gadamérienne entretient avec l’ironie socratico-platonicienne, il faille concevoir le platonisme de Gadamer à la lumière d’une certaine forme d’aristotélisation, par laquelle la philia et la phronêsis aristotéliciennes sont en quelque sorte projetées sur le modèle platonicien du dialogue.