Liber Amicorum Pascal Engel (
2014)
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Abstract
Le fameux paradoxe de la fiction (Radford 1975) a suscité maintes interprétations. L’une des distinctions importantes qui affleure bien souvent au sein de cette littérature, pour se voir presque aussitôt négligée, est celle entre les deux questions suivantes : « comment les émotions peuvent-elles être suscitées par des œuvres de fiction ? » et « les émotions suscitées par de telles œuvres peuvent-elles être rationnelles ? » Dans ce qui suit, je me concentrerai exclusivement sur la seconde de ces questions et chercherai à montrer que la plupart de nos réponse affectives à la fiction ne sont pas irrationnelles. Ma discussion se structure de la manière suivante. La première section esquisse la nature du lien entre émotions et valeurs et introduit une conception selon laquelle les émotions sont des attitudes évaluatives. Au cours de la deuxième section, nous nous tournerons vers le problème de la rationalité des émotions pour mettre l’accent sur deux de ses aspects – celui qui regarde le rapport entre une émotion et sa base cognitive, d’un côté, et, de l’autre, celui entre l’émotion elle-même et les jugements et comportements auxquels elle peut donner lieu. La troisième section applique ces considérations à propos de la rationalité affective aux émotions suscitées par la fiction, dont je distingue trois types principaux : les émotions esthétiques, les émotions-blob et les émotions-pour. Une quatrième et dernière section explore quelques conséquences des conclusions auxquelles m’auront amené ce qui précède.