L’objectif de cet article est d’interroger la transition Kant-Fichte sur le double plan de la systématicité et du primat de la raison pratique. S’il est admis que Kant voyait dans l’exercice critique l’occasion de renouveler, plutôt que de supprimer, la possibilité d’une métaphysique positive, il est aujourd’hui convenu de rapporter son ébauche de «système» au seul héritage de laSchulmetaphysik. A contrario, on cherche ici à prendre à la lettre l’exigence kantienne d’un système qui attend du «pratique» une nouvelle et absolue (...) «fondation», plutôt qu’il ne devrait être complété en l’état. La perspective fichtéenne impose alors son fil rouge.In this article, I examine two aspects of the transition from Kant to Fichte: systematicity and the primacy of practical reason. It is commonly agreed that Kant saw the critical exercise as an occasion to renew, rather than supress, the possibility of a positive metaphysics; however, most scholars now consider the “system” he sketched to be the sole heritage ofSchulmetaphysik. However, I take literally Kant’s demand for a system that expects from the “practical” a new and absolute “foundation,” rather than a system that must be completed. Here, Fichte’s perspective gives us the common thread. (shrink)

I propose to explain Kant’s novel claim, in the Critique of Pure Reason, that all judgments have a formal modality. I begin by distinguishing the modality of a judgment’s form from the modality of its content, and I suggest that the former is peculiar in merely affecting the subject’s understanding of his own act of judging. I then contrast the modal account of such an understanding (in terms of the possibility and actuality of a judgment) with the traditional, non-modal understanding (...) of it (in terms of the giving and withholding of assent). I conclude by suggesting that Kant prefers the former because he conceives of knowledge on Aristotle’s model: as a progress in the mind from capacity to act. (shrink)

Heidegger opposait a la barbarie contemporaine l'exemplarite du style philosophique kantien. Mais les grands postkantiens le jugeaient plutot exemplairement barbare, parce que non thematise, impropre, et meme autocontradictoire. L'ouvrage prend au serieux ce verdict, pour mieux l'inverser. Il identifie le statut de la connaissance critique, elucide les procedures de validation qu'elle convoque et montre que referer les theses kantiennes au regime de discours qui les etablit permet de prendre la mesure de leur radicalite. Il etablit que le philosopher kantien releve (...) d'une reflexion qui signifie discursivite, et dont le theme transcendantal repugne a etre connu sur un mode objectivant. La fidelite de la connaissance critique a la nature de son theme ne peut toutefois l'autoriser a transgresser les limites qu'elle assigne a tout savoir. Les enonces critiques appellent donc un mode de probation qui les refere indirectement a l'intuition, ou au fait qui peut en tenir lieu. Forme du discours qui n'est pas sans effets de contenu: factualite d'un transcendantal impuissant a repondre a la question de son propre pourquoi, facticite de la structure qui possibilise une connaissance dont elle partage la contingence metaphysique, indeductibilite d'une loi morale dont l'absoluite sort renforcee de ne pouvoir etre expliquee et ne cesse de feconder la pensee finie. (shrink)