Abstract
L’idéal républicain de la liberté comme non-domination promu par P. Pettit possède un potentiel
intéressant pour penser l’évolution de l’internationalisme. Cet article examine l’enjeu éthique et
politique de l’application institutionnelle de la liberté comme non-domination à l’échelle supranationale. Il discute en particulier la thèse de J. Bohman, qui a récemment proposé une interprétation délibérative et cosmopolitique de la conception de la liberté républicaine. Mais le passage
de la citoyenneté démocratique nationale à la citoyenneté cosmopolitique, tel que défendu par
Bohman, nous semble reposer sur des conceptions trop exigeantes et compréhensives de l’impartialité et de la démocratie. En nous appuyant sur les travaux socio-historiques de S. Sassen et
de C. Tilly, nous soutenons que des idéaux normatifs moins exigeants de l’impartialité et de la
démocratie gagneraient en réalisme sociologique et en correspondance avec les mécanismes
actuellement impliqués dans l’évolution de la coopération internationale et dans la démocratisation des sociétés.