Paul Valéry et l'idéal de perfection

Klesis 53 (2022)
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Abstract

In this essay, I argue that Valéry's poetic reflections offer valuable insights on the ancient (Aristotelian) ideal of beauty as perfection, which he rehabilitates and updates. I also show that these clarifications provide solutions to enduring aesthetic problems. To do this, I start from the modal vocabulary (necessary, possible, arbitrary) Valéry uses each time he wants to describe the relationship of an author to his composition. He therefore seems to have been deeply fascinated by the tension between the fact that a creator is always free to compose what he wants, and the fact that the same creator wants his work or parts of it to be imposed on him, while he is in the midst of his creative process. Here comes into play the ideal in question, since the perfection of a work implies, among other things, that one cannot want to modify this work for the better (being already perfect). After a detour aiming to introduce the importance of the rules of composition and to refute the idea that this ideal would no longer have any relevance in a modern artistic perspective, I detail what could be called the "aesthetic holism" of Valéry, which retains from a work only its formal dimension, considered in an original way as a formal whole composed of other formal parts. It is therefore above all a form that must be perfected, against possible relative deprivations (lacks or defects). Then, I link (with the help of Wittgenstein) the modal vocabulary to this notion of form which, by posing compositional challenges, turns out to be essential to the understanding of beauty as perfection. Dans cet essai, je soutiens que les réflexions poétiques de Valéry offrent des éclaircissements particulièrement précieux sur l’idéal ancien (Aristotélicien) de beauté comme perfection, qu’il réhabilite et réactualise. Je défends également l’idée que ces éclaircissements peuvent nous mettre sur la voie de solutions à des problèmes endurants de l’esthétique. Pour ce faire, je pars de l’usage remarquable que Valéry fait d’un vocabulaire modal (nécessaire, possible, arbitraire) chaque fois qu’il veut décrire de quelle manière un auteur se rapporte à sa composition. Il apparaît ainsi que ce qui a profondément fasciné Valéry, c’est le dilemme ou la tension selon laquelle tout en étant libre de composer comme il l’entend (en laissant libre cours à sa fantaisie), un créateur aspire néanmoins à ce que son œuvre ou les parties de cette dernière s’imposent à lui, pendant qu’il crée. Ici entre en jeu l’idéal en question, car la perfection d’une œuvre implique entre autre chose que nous ne puissions vouloir modifier cette œuvre pour le mieux (celle-ci étant justement déjà parfaite). Après un détour visant à introduire l’importance des règles de composition et à réfuter l’idée que cet idéal n’aurait plus de pertinence dans une perspective artistique moderne, je détaille ce que l’on pourrait appeler le « holisme esthétique » de Valéry, qui ne retient de la composition d’une œuvre que sa dimension formelle, envisagée de manière originale comme une totalité faite d’autres parties formelles. C’est donc avant toute chose une forme qu’il faut parfaire, contre d’éventuelles privations relatives (manques ou défauts). Il s’agit alors de connecter (à l’aide de Wittgenstein) ce vocabulaire modale à cette notion de forme qui, en posant des enjeux de composition, se révèle indispensable à la compréhension de la beauté comme perfection. Après une défense à contretemps des traditions formelles dans la création (puisque ce sont de telles traditions qui constituent les ressources par lesquelles un individu libre et autonome peut vouloir, non seulement se faire l’héritier de ces traditions, mais aussi se montrer original et innovant), je termine en appliquant les idées de Valéry au débat qui a opposé un camp « généraliste » à un camp « particulariste » en matière de raisons esthétiques.

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