Sicut Aristoteles loquitur, sic exponit Boethius. Essai de “simplification” archéologique

In Jean-Baptiste Brenet & Laurent Cesalli (eds.), Sujet libre. Pour Alain de Libera. Vrin. pp. 149-154 (2018)
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Abstract

Aux prises avec une archive en pleine expansion et une littérature secondaire dont la masse a atteint et, notamment depuis son tournant numérique, largement dépassé un seuil critique, l’archéologie philosophique a fait le deuil du rêve micrologique de « tout lire, tout étudier » que Michel Foucault s’était pourtant donné pour idéal régulateur en s’interdisant d’effectuer un tri en amont des « choses dites dans une culture, conservées, valorisées, réutilisées, répétées et transformées ». Il importe désormais moins de décrire la totalité d’un champ que de tracer et de croiser des itinéraires. En gros, il s’agit de « raconter des intrigues », selon la formule bien connue de Paul Veyne. Arrimée à la philologie et à l’histoire des corpus, cette théâtralisation du travail philosophique n’est cependant pas arbitraire. Comme l’explique Alain de Libera dans l’un des rares propos métarchéologiques qu’il a livrés en marge de son œuvre canonique, face à l’« accumulation folle de connaissances et d’informations » qui caractérise l’environnement actuel de la recherche, « le rôle de l’historien-archéologue est d’identifier les bonnes structures ». Comment s’y prend-il ? « Il y a pour ce faire – poursuit Alain de Libera au cours du même « Grand entretien d’Actu-Philosophia » – un critère d’identification heuristique : la simplicité. La force d’une hypothèse de travail se mesure au nombre d’éléments qu’elle est capable d’intégrer et d’unifier, en un mot : de “simplifier” ». Parmi les intrigues qui ont marqué l’histoire récente de l’archéologie à vocation philosophique il y a sans doute l’« ἐπιστήμη alexandrinienne » qu’Alain de Libera a identifiée en étudiant les doctrines anciennes et médiévales de l’abstraction et qu’il a baptisée de la sorte pour souligner le rôle qu’Alexandre d’Aphrodise a joué dans sa genèse. Pour peu qu’il soit convaincu de son intérêt intrinsèque, le lecteur, surtout s’il se trouve être un antiquisant ou un médiéviste, résistera difficilement à la tentation de se demander s’il est possible de procéder à une extension – même ponctuelle – du « réseau aphrodisien » : peut-on élargir avec le même succès son domaine d’application en testant son pouvoir d’inclusion dans d’autres cas que celui de la filière qu’il était initialement destiné à synchroniser ? C’est une ébauche de simplification de cet ordre que mon hommage voudrait esquisser à partit de quelques textes qu’Alain de Libera a lui-même étudiés et selon une trajectoire parallèle à celle qu’il a lui-même tracée.

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Leone Gazziero
Université Charles-de-Gaulle - Lille 3

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2018-07-23

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