Abstract
On entend généralement par « théorie des modèles » autant la métamathématique (ou sémantique formelle) que la sémantique des modèles des sciences non formelles. Cet article a pour objet la théorie des modèles scientifiques que Mario Bunge a développée dans Method, Models and Matter (1973). J’y analyse l’intégration théorique qu’opère Bunge des sciences formelles et des sciences expérimentales ou observationnelles, laquelle prend appui sur sa philosophie des sciences. Je la compare sommairement à la théorie des modèles de Gilles-Gaston Granger dans le but évident d’en dégager les ressemblances et les dissimilitudes, mais aussi leur commun point d’achoppement : l’une comme l’autre usent en effet d’un concept non analysé dont la fonction épistémologique est pourtant capitale et produit les mêmes effets. Au centre de la théorie des modèles de Bunge se trouve le concept de simulation que je comparerai à celui qui est en usage dans les sciences de l’ordinateur et qui est de nos jours largement appliqué à diverses sciences, tant sociales que naturelles. Je conclurai sur les conséquences méthodologiques et métaphysiques de la théorie bungéenne des modèles.