La cause d'un événement éléments d'une métaphysique descriptive de la causalité entre événements

Philosophie 89 (2):21-39 (2006)
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Abstract

La philosophie contemporaine connaît une demi-douzaine de théories de la causalité. À l'époque de Kant et de Hume leur nombre a été moindre, à l'avenir on peut s'attendre à ce que leur nombre continue d'augmenter. Parmi les affirmations faites par ces théories sur la nature de la causalité, certaines sont compatibles entre elles, mais beaucoup ne le sont pas. Par conséquent, ou bien quelques-unes de ces théories sont fausses, ou bien elles ne portent pas sur le même objet. Dans ce dernier cas, il y aurait plusieurs genres de causalité : différentes théories diraient quelque chose de correct à propos de différents genres de causalité. Dans cette situation, il apparaît judicieux de commencer par poser deux questions méta-théoriques : quelle est la tâche d'une théorie de la causalité, et quelles sont les données dont une telle théorie doit tenir compte ? Dans une portion considérable de la littérature philosophique sur la causalité, on cherche en vain une réponse claire à la question de savoir si le but de la théorie est l'explication du concept de causalité sous-jacent à notre pratique effective de jugement, ou au contraire sa révision. Cela va souvent de pair avec l'absence d'une justification du fait que la relation que la théorie se propose de définir peut bien être appelée relation causale. Certaines théories de la causalité hautement élaborées sur le plan technique, comme par exemple certaines variantes probabilistes de la théorie de la régularité où les théories plus récentes du transfert, donnent parfois l'impression que c'est la physique qui détient le monopole de définition en ce qui concerne la nature de la relation causale. Un représentant de la théorie du transfert affirme avec un pathos scientiste inébranlable „que la science physique a découvert la nature de la relation causale dans un large ensemble de cas“. Mais comment les sciences de la nature pourraient-elles découvrir quelque chose de ce genre ? La clarification de l'essence de la relation causale est une tâche philosophique par excellence qui relève plus particulièrement de la métaphysique. Le fait qu'il soit souvent nécessaire, au cours d'une recherche métaphysique, de faire appel à des connaissances scientifiques, ne change rien à l'affaire. Il s'agit d'une tache de métaphysique descriptive, que Strawson a caractérisée comme l'entreprise qui consiste à dégager les traits les plus généraux de la structure effective de notre pensée sur le monde. L'idiome causal est profondément ancré dans les langues naturelles ; et le concept de causalité que nous possédons effectivement se reflète dans notre pratique de jugements causaux. Cela ne signifie pas qu’il soit possible d'extraire directement de cette pratique un concept cohérent de causalité. Notre pratique de jugement possède de nombreux aspects et n'est pas dépourvue d'éléments douteux. Pour des besoins philosophiques, notre pratique effective de jugement a besoin d'une certaine discipline ; c'est en ce sens que je parle de la pratique éclairée de jugement causal. Je considère que c'est notre pratique éclairée de jugement causal qui fournit les données dont la théorie de la causalité doit tenir compte ; et la tâche primordiale d'une telle théorie consiste à indiquer les conditions de vérité de cas non controversés d'énoncés causaux singuliers. [...]

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Geert Keil
Humboldt University, Berlin

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2014-01-27

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