Klesis 57. Translated by Benoit Guilielmo (
2024)
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Abstract
Un fait Mooréen, selon l'expression de David Lewis, est « l'une des choses que nous savons mieux que toute prémisse d'une argumentation philosophique visant à é tablir le contraire. » Le sujet des faits Mooréens soulève des questions profondes, à la fois de méthode philosophique et d'épistémologie de premier ordre. Comment devrions-nous répondre aux arguments qui remettent en question des croyances dont nous sommes extrêmement confiants ? Dans quelle mesure ces arguments – ou plutôt ceux qui les avancent – peuvent-ils espérer avoir une emprise ou une traction rationnelle sur nous ? Dans quelle mesure, si même c'est le cas, notre point de départ limite-t-il les types de révisions de nos croyances que la philosophie pourrait légitimement inspirer ? Quand sommes-nous justifiés (si jamais nous le sommes) à refuser de se laisser influencer par un argument qui, pour autant qu'on puisse en juger, est sans faille, et quand un tel refus relève-t-il simplement du dogmatisme ? Ce sont là de vastes questions, auxquelles je ne tenterai pas ici de répondre complétement. Mon ambition, plus modeste, est de tenter de progresser sur ces questions, et d'autres questions connexes, en examinant la notion de fait Mooré que je trouve chez Lewis et chez d'autres.