Si le politique s'est imposé comme objet philosophique de pensée c'est sans doute que cet adjectif neutre signifiait commodément un écart avec le substantif de la politique, dans son sens ordinaire de lutte des partis pour le pouvoir. Parler du politique et non de la politique, c'est indiquer que l'on parle des principes de la loi, du pouvoir et de la communauté et non de la cuisine gouvernementale. Le politique est la rencontre de deux processus hétérogènes. Le premier est celui (...) du gouvernement. Il consiste à organiser le rassemblement des hommes en communauté et leur consentement et repose sur la distribution hiérarchique des places et des fonctions. Je donnerai à ce processus le nom de police. Le second est celui de l'égalité. Il consiste dans le jeu des pratiques guidées par la présupposition de l'égalité de n'importe qui et par le souci de vérifier. Le nom le plus propre à désigner ce jeu est celui d'émancipation. (shrink)

A 1999 review of governmentality literature, derived from Foucault, which broke new ground in ethics and politics.

In lieu of an abstract, here is a brief excerpt of the content:diacritics 30.2 (2000) 113-126 [Access article in PDF] Dissenting Words:A Conversation with Jacques Rancière 1 Davide Panagia:In your writings you highlight the political efficacy of words. In The Names of History, for instance, this emphasis is discussed most vividly in terms of what you refer to as an "excess of words" that marks the rise of democratic movements in the seventeenth century. Similarly, in On The Shores of Politics, (...) you begin your discussion with an excursus on the end of politics as the end of the promise. Finally, in Dis-agreement you speak of "the part of those who have no-part" as voicing a "wrong" for the sake of equality.In each of these instances, however, your treatment of words (and language more generally) is very different from those thinkers of the "linguistic turn" in political philosophy who expound on an ethics of deliberation as the first virtue of modern democracies. For that matter, your approach is quite different from those thinkers who focus on the aporias of language as such.Could you discuss this thematic of the proliferation of words in your thinking about democratic politics?Would it be fair to characterize your research on and exposition of democratic thinking as a "poetics of politics"?Rancière's Reply:In order to address your question adequately, it would be wise to enlarge the sense of "linguistic turn" you invoke. In its most generally accepted sense, the linguistic turn in philosophy consists in ascribing to linguistic processes certain phenomena and specifiable modes of relating objects attributed, in a previous instance, either to factual processes or lines of thought. This approach is not limited to the two figures you invoke in your question. The linguistic turn also has two stages of development that, from my experience, have been more noticeable in France than in the United States. The first phase, then, emerged with Lévi-Strauss and his structural approach to social relations founded on a linguistic model of relationality, subsequently reprised in Lacan's psychoanalytic notion that "the unconscious is structured like a language" that, in its turn, conjoins the energetic mental processes Freud discusses to linguistic practices. The primacy of "the linguistic" thus granted language all the properties of the Freudian unconscious [End Page 113] along with those of a Marxist notion of infrastructure. The Saussurian opposition between langue and parole provided a privileged status to a linguistic model whose role was that of a general law that unconsciously structures the behavior of individuals and societies. It is on the basis of these parameters that the structuralist moment of the linguistic turn was constituted. At one and the same time, the analysis of speech acts became first and foremost a "symptomatic" analysis of those procedures of misrecognition that linguistically structured both the behavior of individuals and social relations. When we "read" Le Capital with Althusser, the interpretive and methodological schema for linguistic phenomena operated like a kind of "policing of the enunciated": that is, a search for those unsuccessful (i.e., inadequate) modes of expression that exemplify such symptomatic procedures of misrecognition.The second phase of the linguistic turn constituted itself more ambiguously. For those who shared intellectual experiences similar to my own, this version involved a critique of the langue/infrastructure model; that is, a further and more favorable consideration of the value of the political and the linguistic games therein that, according to the Althusserian/Marxist model (and, indeed, with structuralism more generally), were to be treated as ideological artifacts. In a very real sense, it all began with the May '68 assertion that "we are all German Jews"--an entirely ideological statement, the validity of which, if analyzed at the level of its content, one finds to rest entirely on the capacity to overturn the political relationship between the order of designations and that of events by emphasizing the gap that separates subject and predicate. From there, an entire field of understanding speech acts as political gestures opened up: a field that reconfigured the division between words and things while rearranging the distinction between legitimate... (shrink)

Das Zeitbewusstsein der Moderne und ihr Bedürfnis nach Selbstvergewisserung -- Hegels Begriff der Moderne -- Drei Perspektiven, Linkshegelianer, Rechtshegelianer und Nietzsche -- Eintritt in die Postmoderne -- Die Verschlingung von Mythos und Aufklärung -- Die metaphysikkritische Unterwanderung des okzidentalen Rationalismus -- Überbietung der temporalisierten Ursprungsphilosophie -- Zwischen Erotismus und allgemeiner Ökonomie -- Vernunftkritische Entlarvung der Humanwissenschaften -- Aporien einer Machttheorie -- Ein anderer Ausweg aus der Subjektphilosophie -- Der normative Gehalt der Moderne.

Un certain XIXe siècle intellectuel et philosophique s'est obstiné dans l'exhortation : "Désanimalisez la politique! Extrayons-nous hors de ce cercle maudit où l'adversaire est un ennemi, un féroce, un tigre, un loup!". Parcourant Hugo, Renan, mais aussi Marx et les discours tourmentés qui arpentent les champs de ruines de juin 1848 ou les transes de l'affaire Dreyfus, Alain Brossat relate cet intense travail sur le discours politique où sont à l'oeuvre tous les reconditionnements : celui qui conduit du temps des (...) révolutions à l'épreuve de la guerre intérieure suspendue ; celui qui mène du registre traditionnel où l'autre politique est bête sauvage au mode prétotalitaire où il devient rat, bacille, pou-agent de toutes les contagions et épidémies. La deuxième partie expose comment l'humanisation de la politique rend difficile de considérer l'adversaire, voire l'ennemi, comme "brute", comme monstre animal déshumanisé. Il en découle une difficulté permanente à faire face à des figures ou à des phénomènes confrontant les vivants à l'épreuve de la limite, de l'excès absolu, de l'inhumain. Ce problème, nous n'en finissons pas de le rencontrer à propos du criminel contre l'humanité et de son pâle rejeton le négationniste-et aussi du terroriste, du génocideur en Bosnie, au Rwanda, en Algérie... Comment le discours politique qui a exclu le partage entre figures bestiales et figures humaines peut-il faire face au retour de la barbarie humaine? Comment se passer du nom de monstre politique? Questions posées par une actualité toujours plus accablante. (shrink)

"Le mot de philosophie politique ne désigne aucun genre ou territoire de la philosophie. Il est le nom d'une rencontre polémique où s'exprime le paradoxe de la politique : son absence de fondement propre. La politique commence quand l'ordre naturel de la domination et la répartition des parts entre les parties de la société sont interrompus par l'apparition d'une partie surnuméraire, le démos, qui identifie la collection des incomptés au tout de la communauté. L'égalité, qui est la condition non politique (...) de la politique, ne fait effet que par le jeu de cette partie litigieuse qui institue la communauté politique comme communauté du litige. À partir de ce mécompte premier s'institue une logique de la mésentente, également éloignée de la discussion consensuelle et du tort absolu. La "philosophie politique", elle, commence avec la récusation platonicienne de l'apparence, du mécompte et du litige propres à la démocratie, et la requête d'une politique "en vérité". On s'interrogera sur les transformations du régime de cette vérité, de l'archipolitique platonicienne à la métapolitique marxienne, et sur leurs effets en retour dans la pratique politique. De là peuvent se déduire quelques repères pour analyser aujourd'hui la complémentarité de l'idylle consensuelle et du mélodrame humanitaire, tout comme l'équivalence de la "fin" de la politique et de son "retour" ". (J.R.). (shrink)