Les derniers écrits de John Rawls sont marqués à la fois par la reconnaissance du « fait du pluralisme » et par la défense d’une conception « politique » de justifica-tion publique, indépendante de considérations métaphysiques et épistémiques. Le but de cet article est de montrer que l’abstinence épistémique n’est ni une façon d’assurer le respect mutuel des citoyens, ni un moyen de diminuer le désaccord dans une société pluraliste. Faire de son mieux dans l’observance des normes épistémiques de la (...) justification est une façon certes indirecte, mais plus solide de faire montre du respect dû à autrui, en tant que personne capable non seulement de former sa conception du bien, mais aussi de la réviser. (shrink)

Résumé Le débat holisme-réductionnisme se structure autour de trois domaines sémantiques : l 'ontologie, la méthodologie et l'épistémologie. Généralement, une méthodologie analytique s'accompagne d'une ontologie atomiste et de la réduction des lois et théorie des niveaux d'organisation supérieurs aux lois et théorie des niveaux inférieurs. Par contre, une ontologie holiste, relationnelle peut s'accorder au concept d'émergence. En conséquence dans l'élaboration des lois et théories d'un phénomène appartenant à un niveau donné la prise en compte du niveau d'organisation supérieurs se révélera (...) déterminante. Les propositions philosophiques anti-mécanicistes de précurseur tels que Bradley, S. Alexander, A.N. Whitehead, C.L. Morgan, D.C. Broad, même en restant au niveau d'une forme de proto-émergentisme représentent le fondement épistémologique à partir duquel s'est développée une méthodologie véritablement émergentiste. Abstract The holism-reductionism debate is structured around three areas of semantics: ontology, methodology and epistemology. As a general rule, an analytical methodology goes with an atomist ontology, and the reduction of laws and theories from the higher levels of organisation to the laws and theories of lower levels. On the other hand, a holistic and relational ontology can be in unison with the concept of emergence. As a consequence, in elaborating laws and theories of a phenornenon of a given level, taking into account that the higher level of organisation will be determinant. The philosophical and anti-mechanistic propositions of precursors such as F. Bradley, S. Alexander, A.N. Whitehead, C.L. Morgan, D.C. Broad, even remaining at the level of a kind of proto-emergentism represent the epistemological basis on which a true emergentist methodology has been developed. (shrink)

On peut identifier deux principales caractéristiques de Wikipédia pour expliquer son succès et sa spécificité. La première est sa liberté de modification et d’accès. La deuxième réside dans le système organisationnel ascendant (bottom-up) et égalitaire où les articles ne proviennent plus d’experts sélectionnés pour être ensuite distribués à la foule mais sont, au contraire, produits par une base composée d’amateurs inconnus. Ces deux caractéristiques, associées au succès populaire et qualitatif de l’encyclopédie, laissent peu de place à l’expertise individuelle (en particulier (...) à l’expertise académique et scientifique). De plus, le constat de l’auto-correction dynamique de l’encyclopédie a effacé l’idée d’une vérification a posteriori des articles par un ou plusieurs experts du domaine. La force de Wikipedia semble alors résider dans une harmonie systématique inhérente à sa forme. -/- Dans cet article, je tente de montrer qu’il faut dépasser l’antagonisme entre amateurs et experts (crowds versus experts) et que c’est justement le caractère libre et égalitaire de Wikipedia qui rend nécessaire une réflexion épistémologique sur l’expertise au sein de cette encyclopédie. Je prends l’exemple du problème du novice et des deux experts théorisé par Alvin Goldman (2001). Appliqué à Wikipédia, ce problème pose la question des options épistémiques disponibles pour les wikipédiens confronté à une guerre d’édition. Outre les solutions classiques (recours à des meta-experts, décision majoritaire, discussion), Goldman avance l’idée d’une prise en compte, par le novice, des (in)succès épistémiques précédents des différents experts en désaccord. Un expert s’étant majoritairement trompé par le passé en devient ainsi moins crédible et inversement. Même si cette solution pose un certain nombre de problèmes, elle semble particulièrement propice à étudier l’expertise au sein de Wikipédia. Elle permet de comprendre (1.) qu’il existe déjà une expertise wikipedienne régie par certaines règles et (2.) qu’il est possible d’aménager une place aux experts (en particulier scientifiques) dans cette encyclopédie libre. Au final, pour comprendre et améliorer la place de l’expertise dans Wikipedia, il semble qu’il faille adopter une certaine conception de l’expertise, centrée sur l’agent plus que sur le contenu épistémique. Cette conclusion soulève un paradoxe, Wikipedia s’étant construite sur l’anonymat des auteurs et la primauté du contenu. (shrink)

Cette note épistémologique porte sur le statut, en théorie de la décision, des concepts d’attitude par rapport au risque. A première vue, l’analyse axiomatique ne les exploite pas, ce qui reflète une certaine neutralité des modèles de décision au sujet de l’attitude par rapport au risque. Mais un examen plus poussé met en valeur la variation conditionnelle et le renforcement de l’attitude par rapport au risque, qui rattachent les concepts d’attitude par rapport au risque à l’analyse axiomatique.

L’objectif de cet article est double. D’une part, il vise à identifier une interprétation éthique de la neutralité axiologique, et non de réduire ce critère à des considérations épistémologiques comme la distinction entre faits et valeurs. On peut, en effet, interpréter le critère de neutralité axiologique comme un mécanisme visant à défendre l’autonomie des différents membres de la communauté universitaire. D’autre part, cet article entend utiliser cette interprétation éthique pour répondre aux critiques contemporaines de la neutralité axiologique. Amartya Sen et (...) Hilary Putnam ont proposé des critiques pertinentes de la neutralité axiologique, en réfléchissant sur les conditions d’objectivité du discours éthique et politique. Au terme de cette analyse, nous proposerons une conception publique de la science, qui répond à l’impératif éthique de neutralité en sciences sociales, ainsi qu’au programme de recherche amorcé par Sen et Putnam. L’examen critique et public de la science est ce qui permet de respecter tant l’exigence de neutralité chez Weber que la demande d’une science renouvelée chez Sen et Putnam. (shrink)

1. Une dispute épistémologique 1.1 Quatre itinéraires à proximité puis à distance des structuralismes 1.2 Un différend sur les « usages réglés du rationalisme » en sciences de l’homme 2. Les mots et les descriptions en sciences de l’homme 2.1 Une commune limitation du déterminisme linguistique 2.2 Un problème philosophique implicite : descriptions définies et noms propres 2.3 L’usage des descriptions définies en sciences de l’homme 2.4 Les (semi-)noms propres des sciences historiques 2.5 Le degré de généralité des (...) class='Hi'>concepts employés et ses conséquences sur les raisonnements 3. La spécificité des raisonnements en sciences de l’homme 3.1 Quelle logique pour raisonner sur les phénomènes humains ? 3.2 Les usages d’une référence commune : la logique naturelle 3.3 Propositions et énoncés : divergences sur l’analyse des raisonnements 4. Le juste degré de formalisation du langage et des raisonnements 4.1 La formalisation des descriptions 4.2 Les modèles et la formalisation des raisonnements 4.3 Des formalisations qui s’ignorent 5. Le caractère historique des sciences de l’homme 5.1 Formaliser implique-t-il de dé-historiciser ? 5.2 Les mécanismes du changement scientifique 5.3 Pragmatique de l’intervention théorique. (shrink)

Antti Kauppinen Les philosophes se sont efforcés de montrer que nous devons être vertueux pour être heureux. Mais tant que nous nous en tenons à la compréhension moderne du bonheur comme quelque chose de vécu par un sujet – et je soutiens contre les eudaimonistes contemporains que nous devrions effectivement le faire – il peut au mieux exister un lien de causalité contingent entre la vertu et le bonheur. Néanmoins, nous avons de bonnes raisons de penser qu’être vertueux est non (...) accidentellement propice au bonheur. Pourquoi? Premièrement, le bonheur est, sommairement, la condition expérientielle de jouir d’états phénoménaux affectifs principalement positifs concernant des choses qui sont subjectivement importantes pour nous. Je soutiens que ce sentimentalisme à propos du bonheur a plusieurs avantages par rapport à la conception de Daniel Haybron comme état émotionnel. Deuxièmement, dans la mesure où nous sommes vertueux, nous pouvons identifier correctement ce qui vaut la peine d’être fait dans notre situation particulière et nous la poursuivrons habilement. En même temps, nous ne sommes pas dérangés par des choses qui ne valent pas la peine d’être prises en charge ou de s’inquiéter. Par conséquent, les personnes vertueuses sont susceptibles de profiter d’émotions positives centrales liées au succès et à l’approbation des autres, et d’éviter les émotions négatives communes liées à la comparaison sociale ou à l’avarice. Bien que leur bonheur soit encore en partie une question de chance, il l’est dans une moindre mesure que pour le reste d’entre nous. (shrink)

Depuis plus d’une dizaine d’années, Albert Piette travaille à renouveler les méthodes et les concepts de l’anthropologie. Cette refondation s’appuie sur ses propres travaux empiriques, notamment sur le religieux, sur l’usage de méthodes plus pointillistes comme la photographie ou la description des détails, ainsi que sur des hypothèses relatives à la différence entre Sapiens et Néandertal. Les nouvelles propositions de travail qu’il avance empruntent souvent à la philosophie comme moyen d’une réflexion épistémologique, mais aussi parfois à la métaphysique. (...) C’est pourquoi je me propose de discuter en philosophe son ouvrage Contre le relationnisme. Lettre aux anthropologues. Il ne s’agit pas de réactiver la pratique philosophique de la science ultime couronnant les autres disciplines grâce à une réflexivité plus radicale, mais de suivre la démarche de Piette dans ses motivations profondes qui, comme il l’admet lui-même, l’oblige à passer par la philosophie. (shrink)

Bolzano fut le premier philosophe à établir une distinction explicite entre les procédés déductifs qui nous permettent de parvenir à la certitude d’une vérité et ceux qui fournissent son fondement objectif. La conception que Bolzano se fait du rapport entre ce que nous appelons ici, d’une part, « conséquence subjective », à savoir la relation de raison à conséquence épistémique et, d’autre part, la « conséquence objective », c’est-à-dire la fondation , suggère toutefois que Bolzano défendait une conception « explicativiste (...) » de la preuve : les preuves par excellence sont celles qui reflètent l’ordre de la fondation objective. Dans cet article nous faisons état des problèmes liés à une telle conception et argumentons en faveur d’une démarcation plus stricte entre la préoccupation ontologique et la préoccupation épistémologique dans l’élaboration d’une théorie de la preuve.Bolzano was the first to establish an explicit distinction between the deductive methods that allow us to recognise the certainty of a given truth and those that provide its objective ground. His conception of the relation between what we, in this paper, call “subjective consequence”, i.e. the relation from epistemic reason to consequence and “objective consequence”, i.e. grounding however suggests that Bolzano advocated an “explicativist” conception of proof : proofs par excellence are those that reflect the objective order of grounding. In this paper, we expose the problems involved by such a conception and argue in favour of a more rigorous demarcation between the ontological and the epistemological concern in the elaboration of a theory of proof. (shrink)

Ce n'est pas en pensant que nous créons des mondes. C'est en comprenant le monde que nous apprenons à penser. La cosmovision est un terme qui devrait désigner un ensemble de fondements d'où émerge une compréhension systémique de l'Univers, de ses composantes comme la vie, le monde dans lequel nous vivons, la nature, le phénomène humain et leurs relations. C'est donc un champ de la philosophie analytique nourri par les sciences, dont l'objectif est cette connaissance agrégée et épistémologiquement soutenable de (...) tout ce que nous sommes et contenons, qui nous entoure, et qui nous concerne de quelques manières que ce soit. C'est quelque chose d'aussi vieux que la pensée humaine et, en plus d'utiliser des éléments de la cosmologie scientifique, il englobe tout ce qui, dans la philosophie et la science, se réfère à l'univers et à la vie. Une cosmovision n'est pas un ensemble d'idées, d'hypothèses et de suppositions, mais un système établi sur l'observation, l'analyse, la preuve et la démonstration. Aucune cosmovision n'entend définir, établir ou proposer, mais seulement comprendre, analyser et interpréter. Chacun de nous construit et transporte sa cosmovision tout au long de sa vie, sans établir de forme, comme toile de fond de nos pensées et de nos comportements. Linguistiquement, le terme « cosmovision » dériverait de l'allemand, équivalent au concept de « Weltanschauung », tel qu'il a été utilisé par plusieurs philosophes. Cependant, cette relation linguistique n'est pas applicable, car elle contredit ce que nous proposons comme cosmovision. Ce mot allemand fait référence à une vision prélogique ou proto-expérimentale de la réalité, avec un contexte intuitif et loin des connaissances critiques encore inexistantes au moment de sa formulation. Sans aucun doute, les cosmovisions, au sens où nous les entendons, abritent et utilisent ces éléments proto-expérimentaux ou prélogiques qui incluent l'histoire, l'inconscient collectif et tous les archétypes que nous portons. Or, dans le concept que nous appliquons ici, la cosmovision va bien au-delà de ce contenu, d'abord en le soumettant constamment à la pensée critique actuelle et enfin en faisant de l'expérience analytique (et non de la pensée elle-même ou de l'intuition) son univers réel. António Lopes expose l'étendue de ce contenu : [ ] « Les cosmovisions ne sont pas le produit de la pensée. Ils ne naissent pas du simple désir de savoir. L'appréhension de la réalité est un moment important dans sa configuration, mais, néanmoins, ce n'en est qu'un. Elle vient de la conduite vitale, de l'expérience de la vie, de la structure de notre totalité psychique. L'élévation de la vie à la conscience dans la connaissance de la réalité, dans l'évaluation de la vie et dans la réalité volitive est le travail lent et ardu que l'humanité a fait dans le développement des conceptions de la vie. (W.Dilthey, 1992 [1911] : 120). Dans cet ouvrage, nous cherchons à esquisser une cosmovision fondée sur les réalités que la science offre aujourd'hui. Nous ne proposons, à aucun moment, de faire de la science ; ou théoriser la philosophie, mais nous chercherons toujours à être soutenus par eux ou, du moins, protégés par eux des distorsions cognitives que nous portons habituellement. -/- . (shrink)

La communication interdisciplinaire rencontre divers problématiques : l’hétérogénéités des informations (sémantique, standardisation des formats), les confusions linguistiques (intentions dans les énoncés, polysémie des mots) ou encore épistémologiques (expertises divergentes, terminologies inadéquates). Nous proposons pour favoriser l’intercommunication entre différents domaines de spécialité, l’emploi des ontologies informatiques : des artefacts informatiques permettant une représentation des concepts au sein d’un domaine de spécialité. Autour de la notion « d’interopérabilité sémantique », la capacité pour une machine et des acteurs de communiquer ensemble, nous (...) viserons à montrer en quoi les ontologies peuvent permettre à des acteurs de différentes disciplines de clarifier les notions propres à leurs domaines en fonction d’une analyse de leurs usages des mots. Nous tâchons ici de mettre en avant la capacité des ontologies de traiter le langage selon différents niveaux du sens d’un mot (du plus concret et appliqué, au plus abstrait et conceptuel), afin de mettre en perspective ce en quoi cette analyse basée sur les textes d’un corpus, permet de rendre compte de, si ce n’est un état du réalisme d’une discipline, du moins, servir d’outils pour aider les acteurs à normaliser leurs pratiques. En ce sens, les ontologies informatiques peuvent être considérées et utilisées comme autant de bases terminologiques servant comme outils de références pour faciliter la communication interdisciplinaire. (shrink)

Deux idées centrales sont défendues dans cet article. La première concerne les liens entre les concepts de matérialisme émergentiste et de réalisme critique dans la métaphysique bungéenne. Je défends la thèse que le réalisme critique bungéen doit intégrer épistémologiquement celui de matérialisme afin de se développer en tant que doctrine méthodologique. J’y analyse ce que je considère être les fondements de la méthode de la construction de cette même métaphysique, soit l’affirmation du postulat de l’extériorité du monde concret et (...) son rôle dans la méthode en question. La seconde thèse a pour objet une analyse de cette méthode au moyen de l’étude que j’y fais des concepts ontologiques bungéens d’objet, de substance et de propriétés objectales. Je compare ensuite cette méthode à certains aspects de la philosophie des mathématiques et en particulier au rôle attribué dans cette même philosophie à la méthode axiomatique en tant que méthode de construction théorique et de preuve. Je conclus en une certaine circularité de l’argument qui justifie le réalisme critique à partir du postulat ontologique de l’extériorité du monde concret. (shrink)

On entend généralement par « théorie des modèles » autant la métamathématique (ou sémantique formelle) que la sémantique des modèles des sciences non formelles. Cet article a pour objet la théorie des modèles scientifiques que Mario Bunge a développée dans Method, Models and Matter (1973). J’y analyse l’intégration théorique qu’opère Bunge des sciences formelles et des sciences expérimentales ou observationnelles, laquelle prend appui sur sa philosophie des sciences. Je la compare sommairement à la théorie des modèles de Gilles-Gaston Granger dans (...) le but évident d’en dégager les ressemblances et les dissimilitudes, mais aussi leur commun point d’achoppement : l’une comme l’autre usent en effet d’un concept non analysé dont la fonction épistémologique est pourtant capitale et produit les mêmes effets. Au centre de la théorie des modèles de Bunge se trouve le concept de simulation que je comparerai à celui qui est en usage dans les sciences de l’ordinateur et qui est de nos jours largement appliqué à diverses sciences, tant sociales que naturelles. Je conclurai sur les conséquences méthodologiques et métaphysiques de la théorie bungéenne des modèles. (shrink)

Le point de vue de Michael Polanyi sur la science peut aider à comprendre le processus et le « produit » de l'analyse du renseignement. Les arguments de Michael Polanyi concernant les activités des scientifiques sont transférables dans le domaine de l'analyse du renseignement, offrant une perspective nuancée pour percevoir les défis épistémologiques et les problèmes auxquels sont confrontés les analystes. Les concepts de « connaissance tacite » et de « connaissance personnelle » de Polanyi contribuent au développement d'une (...) compréhension plus épistémologiquement efficace de certains aspects du processus et du produit de l'analyse du renseignement. DOI: 10.13140/RG.2.2.13346.56008. (shrink)

Le présent travail s'inscrit à l'intersection de deux problèmes épistémologiques majeurs. D'une part, le problème de la démarcation scientifique, qui consiste à identifier ce qui distingue intrinsèquement un système (un énoncé, une théorie, ...) scientifique d'un système non scientifique ou pseudo-scientifique. D'autre part, le problème de l'unité épistémologique des sciences, qui consiste à se demander si toutes les disciplines à vocation scientifique peuvent être vues comme des instanciations d'une notion unique de la scientificité. Ces deux problèmes ont soulevé de (...) nombreux débats ayant mis en évidence un ensemble important de difficultés. Le terme « scientifique » désigne en effet des méthodes empiriques, des constructions théoriques et des pratiques de recherche si hétérogènes qu’il semble voué à l’échec d’en chercher une définition aisée à circonscrire. De plus, les objets des disciplines scientifiques sont eux-mêmes de natures très diverses, ce qui semble rendre pareillement caduque toute recherche d’un concept unique de science qui pourrait s’appliquer indépendamment de la discipline en question. Dans cette thèse, je me propose de prendre à contre-pied cet état de fait en soutenant la possibilité et la pertinence d'un modèle unitaire de la scientificité, tout en me restreignant à une approche épistémologique comparée entre les sciences physiques et les sciences sociales. Pour défendre mon propos, j’ai mobilisé deux types de réponses pouvant être opposées au constat présenté plus haut. D’une part, des réponses de principe, où j’examine et m’oppose à des arguments théoriques soutenant l’impossibilité ou en tout cas la difficulté de définir la scientificité en général, et la nécessité pour les sciences sociales de jouir d’une définition à part. D’autre part, je mobilise également des réponses par l’exemple. J’étudie alors plus en détail l’approche dite « analytique » en sociologie. Ce courant a cela d’intéressant pour mon propos qu’il ne semble pas nécessiter d’épistémologie alternative à celle ayant cours, par exemple, en physique ou en biologie, tout en prétendant bien produire des connaissances sur le monde social. Il s’agit donc d’un contre-exemple concret et manifeste de la thèse soutenant que la sociologie ne peut pas jouir du même type d’épistémologie que les autres disciplines. Plus concrètement, j’élabore un (méta-)modèle unitaire de la scientificité en me concentrant sur une unité d’analyse bien circonscrite : les modèles. Je distingue chez ses derniers, classiquement, deux composantes principales : une composante empirique, qui a pour vocation à identifier des régularités dans le réel auquel on a accès à travers des données, et une composante théorique, à visée explicative et classificatoire. Je propose alors de construire formellement un degré de scientificité global dans lequel se combinent la maximisation d’une certaine quantité d’information définie sur la composante empirique et un critère d’invariance structurelle défini sur la composante théorique. Ces diverses constructions, bien que formelles, permettent d’éclairer efficacement les questions épistémologiques que je me suis données au départ de mon travail, ce dernier ayant vocation à constituer une étape supplémentaire vers un modèle unitaire de la scientificité. (shrink)

L'évolution des tests gravitationnels dans une perspective épistémologique encadré dans le concept de reconstruction rationnelle d'Imre Lakatos, fondée sur sa méthodologie de programmes de recherche. Contrairement à d'autres travaux sur le même sujet, la période évaluée est très longue, allant de la philosophie naturelle de Newton aux théories de la gravité quantique d'aujourd'hui. Afin d'expliquer de manière plus rationnelle l'évolution complexe du concept de gravité du siècle dernier, je propose une extension naturelle de la méthodologie des programmes de recherche (...) que j'utilisais ensuite au cours de la communication. Je pense que cette approche offre une nouvelle perspective sur la manière dont le concept de gravité et les méthodes de test de chaque théorie de la gravité ont évalué dans le temps, par le biais d'observations et d'expériences. Je soutiens, sur la base de la méthodologie des programmes de recherche et des études des scientifiques et des philosophes, que les théories actuelles de la gravité quantique sont dégénératives, en raison du manque de preuves expérimentales sur une longue période et d'auto-immunisation contre la possibilité de la réfutabilité. De plus, un courant méthodologique est en cours de développement, attribuant un rôle secondaire, sans importance, aux vérifications par le biais d'observations et / ou d'expériences. Pour cette raison, il ne sera pas possible d'avoir une théorie complète de la gravité quantique sous sa forme actuelle qui inclura à la limite la relativité générale, car les théories physiques ont toujours été ajustées, au cours de leur évolution, sur la base d'essais d'observation ou expérimentaux, et vérifiées par les prédictions effectuées. En outre, contrairement à une opinion répandue et aux programmes en cours concernant l'unification de toutes les forces fondamentales de la physique dans une théorie finale unique, basée sur la théorie des cordes, je soutiens que cette unification est généralement improbable et, de toute façon, impossible pour que l'unification soit développée sur la base des théories actuelles de la gravité quantique, y compris la théorie des cordes. En outre, je partage l’avis de certains scientifiques et philosophes selon lequel on consacre actuellement trop de ressources à l’idée de développer des théories de la gravité quantique, et en particulier de la théorie des cordes, qui devrait inclure la relativité générale et unifier la gravité avec d’autres forces, en particulier conditions dans lesquelles la science n’impose pas de tels programmes de recherche. (shrink)

Une analogie entre les aspects épistémologiques et méthodologiques de l'activité des services de renseignement et certaines disciplines scientifiques, en préconisant une approche plus scientifique du processus de collecte et d'analyse de l'information au sein du cycle du renseignement. J'affirme que les aspects théoriques, ontologiques et épistémologiques de l'activité de nombreux services de renseignement sont sous-estimés, ce qui conduit à une compréhension incomplète des phénomènes actuels et à une confusion dans la collaboration interinstitutionnelle. Après une brève Introduction, qui inclut un historique (...) de l'évolution du concept de service de renseignement après la Seconde Guerre mondiale, Renseignement définit les objectifs et l'organisation des services de renseignement, le modèle de base de ces organisations (le cycle du renseignement) et les aspects pertinents de la collection de l'information et l'analyse du renseignement. Dans la section Ontologie, je souligne les aspects ontologiques et les entités qui menacent et qui sont menacés. La section Épistémologie comprend des aspects spécifiques à l'activité de renseignement, avec l'analyse du modèle traditionnel (Singer) utilisé traditionnellement, et j'expose une approche épistémologique possible à travers le concept de connaissance tacite développé par le scientifique Michael Polanyi. La section Méthodologie contient diverses théories méthodologiques mettant l’accent sur les techniques analytiques structurelles ainsi que certaines analogies avec la science, l’archéologie, les affaires et la médecine. L'article se termine par les Conclusions sur la possibilité d'une approche plus scientifique des méthodes de collecte d'information et d'analyse des services de renseignement. SOMMAIRE: Abstract 1. Introduction 1.1. Histoire du renseignement 2. Renseignement 2.1. Organisations 2.2. Cycle du renseignement 2.3. La collecte du renseignement 2.4. Analyse du renseignement 2.5. Contre-espionnage 2.6. Communautés épistémiques 3. Ontologie 4. Épistémologie 4.1. La connaissance tacite (Polanyi) 5. Méthodologies 6. Analogies avec d'autres disciplines 6.1. Science 6.2. Archéologie 6.3. Affaires 6.4. Médecine 7. Conclusions Bibliographie DOI: 10.13140/RG.2.2.35970.22729 . (shrink)

La philosophie morale est traditionnellement divisée en trois sous-disciplines : l’éthique appliquée, qui, comme son nom l’indique, s’intéresse aux positions à adopter sur des sujets pratiques ; l’éthique normative, où s’opposent un ensemble de théories sur ce qui devrait être, sur ce qui est bon/mauvais, etc. ; et la méta-éthique, qui étudie des questions non morales, mais relatives à la morale 1 . Cette dernière définition peut paraître floue, mais c’est un flou que rend nécessaire l’hétérogénéité propre à la discipline. (...) En effet, celle-ci est elle-même divisée en plusieurs domaines : l’épistémologie morale, l’ontologie morale, la psychologie morale, la phénoménologie morale et la logique morale (l’analyse des concepts moraux). Il n’est pas impossible de croiser les domaines, à l’instar de David McNaughton qui oppose une théorie ontologique – le réalisme – à une théorie épistémologique – le non-cognitivisme. Le réalisme moral affirme l’existence de propriétés morales non réductibles à des propriétés non morales : un acte est condamnable si et seulement s’il possède, à côté de ses propriétés non morales (il s’agit d’un acte délibéré, prémédité, etc.), la propriété d’être condamnable. Et, quant à lui, le cognitivisme soutient qu’une opinion morale n’est rien de plus qu’un état cognitif, qu’une croyance. Ce que nie le non-cognitivisme. Ainsi, selon McNaughton, le principal argument contre le réalisme moral est non cognitiviste. (shrink)

Dans cet article, nous examinerons le thème de la découverte en science. Nous soutiendrons qu’il est possible de définir une stratégie rationnelle soutenant la découverte au moyen du principe de l’abduction. Afin de démontrer cette thèse, il s’agira d’abord de diagnostiquer le problème de la complexité et de l’irrationalité de la découverte scientifique et de considérer la position néo-positiviste endossée par Karl Popper et Hans Reichenbach, selon laquelle la découverte ne peut faire l’objet d’une étude proprement logique ou épistémologique. (...) Par la suite, l’analyse se concentrera sur la position de Norwood R. Hanson qui, répondant et contredisant celle de Popper et de Reichenbach, affirme qu’il existe une « logique de la découverte », fondée sur le principe de l’abduction. Après avoir déployé l’argument de Hanson et explicité sa conception du principe de l’abduction, nous montrerons, en nous appuyant sur la vision d’Atocha Aliseda, comment l’abduction est liée à la découverte en science. Finalement, nous examinerons la notion d’inférence à la meilleure explication et le concept « d’hypothèse explicative » de Peter Lipton, ce qui permettra d’expliquer dans quelle mesure cette variante de l’abduction nous permet de comprendre les éléments et conditions qui favorisent la génération de découvertes en science. (shrink)

Les savoirs de sens commun sont solidement ancrés dans les usages, notamment grâce à l’habitude et à la sécurité ontologique qu’ils engendrent. Cet article examinera d’abord pourquoi les savoirs disciplinaires appris à l’école ne sont pas automatiquement réinvestis dans des contextes de nature extrascolaire et pourquoi les savoirs de sens commun résistent à leur déconstruction. La première partie de l’analyse sera marquée par le croisement de discours épistémologiques concernant la nature et la place des savoirs de sens commun dans les (...) conceptions familières de la science. Cet article explorera ensuite les dynamiques qui marquent les relations qu’entretiennent les savoirs disciplinaires scolaires et les savoirs de sens commun en contexte scolaire. Le langage propre à la seconde partie se rattachera davantage aux débats en éducation sur l’importance prépondérante des savoirs de sens commun dans l’apprentissage disciplinaire par concepts. Enfin, nous montrerons qu’il existe des stratégies d’enseignement qui peuvent optimiser l’appropriation intellectuelle des savoirs disciplinaires scolaires et leur transfert dans les interactions quotidiennes. (shrink)

Our goal in this paper is to articulate a novel account of the ordinary concept ART. At the core of our account is the idea that a puzzle surrounding our thought and talk about art is best understood as just one instance of a far broader phenomenon. In particular, we claim that one can make progress on this puzzle by drawing on research from cognitive science on dual character concepts. Thus, we suggest that the very same sort of phenomenon (...) that is associated with ART can also be found in a broad class of other dual character concepts, including SCIENTIST, CHRISTIAN, GANGSTER, and many others. Instead of focusing narrowly on the case of ART, we try to offer a more general account of these concepts and the puzzles to which they give rise. Then, drawing on the general theory, we introduce a series of hypotheses about art concepts, and put those hypotheses to the test in three experimental studies. (shrink)

If one had to identify the biggest change within the philosophical tradition in the twenty-first century, it would certainly be the rapid rise of experimental philosophy to address differences in intuitions about concepts. It is, therefore, surprising that the philosophy of medicine has so far not drawn on the tools of experimental philosophy in the context of a particular conceptual debate that has overshadowed all others in the field: the long-standing dispute between so-called naturalists and normativists about the (...) class='Hi'>concepts of health and disease. In this paper, I defend and advocate the use of empirical methods to inform and advance this and other debates within the philosophy of medicine. (shrink)

A great deal of research has focused on the question of whether or not concepts are embodied as a rule. Supporters of embodiment have pointed to studies that implicate affective and sensorimotor systems in cognitive tasks, while critics of embodiment have offered nonembodied explanations of these results and pointed to studies that implicate amodal systems. Abstract concepts have tended to be viewed as an important test case in this polemical debate. This essay argues that we need to move (...) beyond a pretheoretical notion of abstraction. Against the background of current research and theory, abstract concepts do not pose a single, unified problem for embodied cognition but, instead, three distinct problems: the problem of generalization, the problem of flexibility, and the problem of disembodiment. Identifying these problems provides a conceptual framework for critically evaluating, and perhaps improving upon, recent theoretical proposals. (shrink)

Information was a frequently used concept in many fields of investigation. However, this concept is still not really understood, when it is referred for instance to consciousness and its informational structure. In this paper it is followed the concept of information from philosophical to physics perspective, showing especially how this concept could be extended to matter in general and to the living in particular, as a result of the intimate interaction between matter and information, the human body appearing as a (...) bipolar informed-matter structure. It is detailed on this way how this concept could be referred to consciousness, and an informational modeling of consciousness as an informational system of the human body is presented. Based on the anatomic architecture of the organism and on the inference of the specific information concepts, it is shown that the informational system of the human body could be described by seven informational subsystems, which are reflected in consciousness as corresponding cognitive centers. These results are able to explain the main properties of consciousness, both the cognitive and extra-cognitive properties of the mind, like that observed during the near-death experiences and other similar phenomena. Moreover, the results of such a modeling are compared with the existing empirical concepts and models on the energetic architecture of the organism, showing their relevance for the understanding of consciousness. (shrink)

This paper examines the prospects for a conceptual or functional role theory of moral concepts. It is argued that such an account is well-placed to explain both the irreducibility and practicality of moral concepts. Several versions of conceptual role semantics for moral concepts are distinguished, depending on whether the concept-constitutive conceptual roles are wide or narrow normative or non-normative and purely doxastic or conative. It is argued that the most plausible version of conceptual role semantics for moral (...) concepts involves only ‘narrow’ conceptual roles, where these include connections to motivational, desire-like, states. In the penultimate section it is argued, contrary to what Wedgwood, Enoch and others have claimed, that such an account of moral concepts cannot plausibly be combined with the claim that moral concepts refer to robust properties. (Published with Open Access.). (shrink)

While there has been significant philosophical debate on whether nonlinguistic animals can possess conceptual capabilities, less time has been devoted to considering 'talking' animals, such as parrots. When they are discussed, their capabilities are often downplayed as mere mimicry. The most explicit philosophical example of this can be seen in Brandom's frequent comparisons of parrots and thermostats. Brandom argues that because parrots (like thermostats) cannot grasp the implicit inferential connections between concepts, their vocal articulations do not actually have any (...) conceptual content. In contrast, I argue that Pepperberg's work with Alex (and other African grey parrots) provides evidence that the vocal articulations of at least some parrots have conceptual content. Using Frege's insight that numbers assert something about a concept, I argue that Alex's ability to answer the question "How many?" depended upon a prior grasp of conceptual content. Developing this claim, I argue that Alex's arithmetical abilities show that he was capable of using numbers as both concepts and objects. Frege's theoretical insight and Pepperberg's empirical work provide reason to reconsider the capabilities of parrots, as well as what sorts of tasks provide evidence for conceptual content. (shrink)

This paper proposes a new Separabilist account of thick concepts, called the Expansion View (or EV). According to EV, thick concepts are expanded contents of thin terms. An expanded content is, roughly, the semantic content of a predicate along with modifiers. Although EV is a form of Separabilism, it is distinct from the only kind of Separabilism discussed in the literature, and it has many features that Inseparabilists want from an account of thick concepts. EV can also (...) give non-cognitivists a novel escape from the Anti-Disentangling Argument. §I explains the approach of all previous Separabilists, and argues that there’s no reason for Separabilists to take this approach. §II explains EV. §III fends off objections. And §IV explains how non-cognitivist proponents of EV can escape the Anti-Disentangling Argument. (shrink)

In this short paper we consider Linnebo's thin/thick dichotomy: first, we show that it does not overlap with the very common one between abstract/concrete objects; second, on the basis of some difficulties with the distinction, we propose, as a possible way out, to move from thin/thick objects to thin/thick concepts.

It is often alleged that Cantor’s views about how the set theoretic universe as a whole should be considered are fundamentally unclear. In this article we argue that Cantor’s views on this subject, at least up until around 1896, are relatively clear, coherent, and interesting. We then go on to argue that Cantor’s views about the set theoretic universe as a whole have implications for theology that have hitherto not been sufficiently recognised. However, the theological implications in question, at least (...) as articulated here, would not have satisfied Cantor himself. (shrink)

Our computational metaphysics group describes its use of automated reasoning tools to study Leibniz’s theory of concepts. We start with a reconstruction of Leibniz’s theory within the theory of abstract objects (henceforth ‘object theory’). Leibniz’s theory of concepts, under this reconstruction, has a non-modal algebra of concepts, a concept-containment theory of truth, and a modal metaphysics of complete individual concepts. We show how the object-theoretic reconstruction of these components of Leibniz’s theory can be represented for investigation (...) by means of automated theorem provers and finite model builders. The fundamental theorem of Leibniz’s theory is derived using these tools. (shrink)

European Journal of Philosophy, Volume 29, Issue 4, Page 1026-1038, December 2021.

This chapter concerns the normativity of the concepts of paternalism and libertarian paternalism. The first concept is central in evaluating public health policy, but its meaning is controversial. The second concept is equally controversial and has received much attention recently. It may or may not shape the future evaluation of public health policy. In order to facilitate honest and fruitful debate, I consider three approaches to these concepts, in terms of their normativity. Concepts, I claim, may be (...) considered nonnormative, normatively charged, or normative in that they involve more complex relationships between values or duties. While the last approach is often best, other approaches may be appropriate depending on the context and purpose of discussion. The chapter’s conceptual investigation is illustrated by application to two public health policies: a tax on the consumption of fat and the encouragement of health-promoting food displays in restaurants and supermarkets. (shrink)

It is important to note that certain mental health disorders are classified as rare conditions, and they have their own ‘cultural concepts of distress’ as defined in the Diagnostic and Statistical Manual of Mental Disorders, Fifth Edition (DSM 5). Cultural concepts of distress are a recent attempt to understand psychological distress influenced by culture, separate from biomedical diagnoses that require equal attention and support for individuals and their families, both physically and emotionally. [1].

In the Critique of Pure Reason, Kant develops a metametaphysical view concerning the domain and source of a distinctively metaphysical cognition of objects of experience, which is given in terms of an analysis of our representational capacity for thought, namely, the understanding, regarding its sub-capacities and their constitutive abilities and acts. In the Analytic of Concepts, more precisely, in the Metaphysical and Subjective Deductions of the Categories, Kant develops an elaborate account of the content and formation of those metaphysical (...) concepts of an object in general through which there is genuine philosophical cognition of objects of experience, namely, the categories. Relating the Analytic of Concepts to the Doctrine of Method, I give a detailed reconstruction of this account in contrast to both empirical and mathematical concepts. I do so by establishing, for the first time (in English) that and how the representational contents of the categories, as general representations of objects, derive from fundamental abilities and acts of a synthesis of an empirical intuition that the understanding contributes to experiences of objects, which thus yield the original contents of the categories. In particular, I argue that the threefold synthesis of the fundamental act-types of the apprehension, reproduction, and recognition of a manifold of sense-impressions, presented in the A-Deduction, holds the key to understanding the origin of the categories, or concepts of an object in general, investigated in their Metaphysical Deduction. It turns out that the threefold synthesis, as it is exercised regarding a manifold of sense-impressions in an empirical intuition of an object, can indeed account for the representational contents of the categories of Quality (apprehension), Quantity (reproduction), Relation (recognition), and Modality (relating to the object through a manifold of sense-impressions). In this sense, the categories are “concepts of synthesis” (A80/B106) or “concepts of the synthesis of possible sensations” (A723/B751). (shrink)

At the opening of Spinoza’s Ethics, we find the three celebrated definitions of substance, attribute, and God: E1d3: By substance I understand what is in itself and is conceived through itself, i.e., that whose concept does not require the concept of another thing, from which it must be formed [Per substantiam intelligo id quod in se est et per se concipitur; hoc est id cujus conceptus non indiget conceptu alterius rei, a quo formari debeat]. E1d4: By attribute I understand what (...) the intellect perceives of a substance, as constituting its essence [Per attributum intelligo id, quod intellectus de substantia percipit, tanquam ejusdem essentiam constituens]. E1d6: By God I understand a being absolutely infinite, that is, a substance consisting of an infinity of attributes, of which each one expresses an eternal and infinite essence We are accustomed to think of these paramount definitions as a fixed and settled formulation of the core of Spinoza’s metaphysics, but if we look at the development of Spinoza’s thought, the picture we get is quite different. In the early drafts of the Ethics and in his early works, Spinoza seems to have experimented with various conceptualizations of the relations between substance, attribute, and God. Some of Spinoza’s works make barely any use of the notions of substance and attribute, and the testimony of Spinoza’s letters suggests that, at a certain stage in his philosophical development, the concept of attribute may have been put on the back burner, if not completely dropped. Indeed, another closely related concept—accident [accidens]—was fated to be pulled out of the system (and for good reasons ). The final version of the Ethics makes hardly any use of this notion, but Spinoza’s letters show that in early drafts of the Ethics he used the term ‘accident’ to refer to what cannot be or be conceived without substance. In this paper I will attempt to provide a brief outline of the genealogy of Spinoza’s key metaphysical concepts. This genealogy, like any other, can help us to reexamine and reconsider what seems to us natural, stable and obvious. In the first part of the paper, I rely on Spinoza’s letters to trace the development of his definitions of substance and attribute in the early drafts of the Ethics. The letters, whose dates are more or less established, also provide a temporal grid for our subsequent discussions. The second part surveys Spinoza’s discussion and conceptualization of substance and attributes in the Treatise on the Emendation of the Intellect, the Theological-Political Treatise (1670), and briefly, Spinoza’s 1663 book on Descartes’ Principles of Philosophy, and its appendix on Metaphysical Thoughts, the Cogitata Metaphysica. The third part of the paper is dedicated to Spinoza’s understanding of substance and attribute in the Short Treatise on God, Man, and His Well-Being. I conclude with some remarks on the stability of Spinoza’s final position on the issue, as expressed in the published version of the Ethics . (shrink)

The present paper aims to trace back Kant’s account of the schematism of the pure understanding in the Critique of Pure Reason to the Dissertation. I do so by discussing Kant’s understanding of sensible cognition in view of his assessment of metaphysics. I argue, first, that Kant in both texts aims to defend metaphysics against skeptical attacks by discarding those of its elements he considers unwarranted and, second, that this undertaking hinges on his account of concepts that function as (...) the sensible condition of cognition. Yet whereas Kant argues in 1770 that metaphysics must be purely intellectual, he in 1781 draws on his earlier account of sensible concepts to argue, against the Wolffians, that determining intelligible objects by purely intellectual means does not amount to cognition proper. (shrink)

In the present paper, we shall discuss the notion of prototype and show its benefits. First, we shall argue that the prototypes of common-sense concepts are necessary for making prompt and reliable categorisations and inferences. However, the features constituting the prototype of a particular concept are neither necessary nor sufficient conditions for determining category membership; in this sense, the prototype might lead to conclusions regarded as wrong from a theoretical perspective. That being said, the prototype remains essential to handling (...) most ordinary situations and helps us to perform important cognitive tasks. To exemplify this point, we shall focus on disease concepts. Our analysis concludes that the prototypical conception of disease is needed to make important inferences from a practical and clinical point of view. Moreover, it can still be compatible with a classical definition of disease, given in terms of necessary and sufficient conditions. In the first section, we shall compare the notion of stereotype, as it has been introduced in philosophy of language by Hilary Putnam, with the notion of prototype, as it has been developed in the cognitive sciences. In the second section, we shall discuss the general role of prototypical information in cognition and stress its centrality. In the third section, we shall apply our previous discussion to the specific case of medical concepts, before briefly summarising our conclusions in section four. (shrink)

In recent decades, perspectivism has developed into an epistemological research program claiming its independence. This autonomy stems from Perspectivism’s potential ability to resolve the contradictions between realist and constructivist programs. Perspectivism is based on the idea that the object depends on perspective, which constitutes any subjective attempt to cognize it. Perspectivists reconstruct and explain the factors involved in the formation of perspective, identifying the conditionality of epistemic acts, using concepts such as “position”, “point of view”, “view”, “angle”, “horizon”, “focus”, (...) “picture”, “context”, “aspect”, etc. Although these concepts are part of the perspectivist’s toolkit, their meanings and interrelation have so far been taken for granted and have not yet been critically and comprehensively analyzed. The purpose of this article is to take steps toward clarifying the conceptual basis for defending perspectivism as an epistemological program. Once consistently uncovered and correlated in a conceptual model, Perspectivist concepts can be used as a tool for a detailed analysis of theories, positions, and beliefs. The article begins with a preliminary description of the concept of perspectivism and its brief history as an epistemological program. In particular, the first modern attempts to outline perspectivist epistemology are described in the works of F. Kaulbach (1990), W. Stegmaier (2008), and M. Massimi (2017, 2020). The problem of identifying the special a priori status of perspectivist notions as a strategy for justifying the autonomy of Perspectivism is then posed. A method for demonstrating such a status, based on Kant’s transcendentalism and P. Strawson’s descriptive metaphysics, is then suggested. (shrink)

This study focuses on the ideas of Antonio Negri and Michael Hardt, the most influential thinkers of recent period, about the concepts of the Empire, Multitude and Biopolitical production. These concepts being at the center of contemporary political discussions problematise the ideaitonal foundations of the idea of Empire evaluated as a new form of sovereignty, the economic transformation in the contemporary capitalism and the new form of subjectivity in this age. To Negri and Hardt, Empire is seen as (...) a logic of network operating at global level and a new logic of sovereignty and governance going beyond the political boundaries of nation states as form of sovereignty. In this regard, multitude is evaluated as a collective and joint social subject against the power and command forms of empire. As for biopolitical production, it is defined as the production of life in which feelings, symbols, communication and cooperation go beyond the understanding that centers the production of tangible goods within the capitalist production and work organization. These three concepts draw an important framework in terms of understanding the economic, political transformation of the contemporary world. In this study, it was aimed at interpreting the nature of global changes brought forward by the Negri and Hardt thought within the boundaries of these three concepts. (shrink)

Abstract: At present, psychiatric disorders are characterized descriptively, as the standard within the scientific community for communication and, to a cer- tain extent, for diagnosis, is the DSM, now at its fifth edition. The main rea- sons for descriptivism are the aim of achieving reliability of diagnosis and improving communication in a situation of theoretical disagreement, and the Ignorance argument, which starts with acknowledgment of the relative fail- ure of the project of finding biomarkers for most mental disorders. Descrip- tivism (...) has also the advantage of capturing the phenomenology of mental dis- orders, which appears to be essential for diagnosis, though not exhaustive of the nature of the disease. I argue that if we rely on the distinction between conceptions (procedures of identification) and concepts (reference-fixing representations), which was introduced in the philosophical debate on the nature of concepts, we may understand a limited but valid role for descrip- tive characterizations, and reply to common objections addressed by those who advocate a theoretically informed approach to nosology. (shrink)

Many authors have argued that emotions serve an epistemic role in our moral practice. Some argue that this epistemic connection is so strong that creatures who do not share our affective nature will be unable to grasp our moral concepts. I argue that even if this sort of incommensurability does result from the role of affect in morality, incommensurability does not in itself entail relativism. In any case, there is no reason to suppose that one must share our emotions (...) and concerns to be able to apply our moral concept successfully. Finally, I briefly investigate whether the moral realist can seek aid and comfort from Davidsonian arguments to the effect that incommensurability in ethics is in principle impossible, and decide that these arguments are not successful. I conclude that the epistemic role our emotions play in moral discourse does not relativize morality. (shrink)

The cognitive basis of geometry is still poorly understood, even the ‘simpler’ issue of what kind of representation of geometric objects we have. In this work, we set forward a tentative model of the neural representation of geometric objects for the case of the pure geometry of Euclid. To arrive at a coherent model, we found it necessary to consider earlier forms of geometry. We start by developing models of the neural representation of the geometric figures of ancient Greek practical (...) geometry. Then, we propose a related model for the earliest form of pure geometry – that of Hippocrates of Chios. Finally, we develop the model of the neural representation of the geometric objects of Euclidean geometry. The models are based on the hub-and-spoke theory. In our view, the existence of specific models opens the possibility of addressing the relationship between geometric figures and geometric objects, in a novel way, in terms of their neural representation. (shrink)

This is a short entry on "Metatheatre" in Section 4, "Concepts, Themes and Topics Treated in the Dialogues," in The Bloomsbury Handbook of Plato, edited by Gerald Press and Mateo Duque.

This paper is both systematic and historical in nature. From a historical viewpoint, I aim to show that to establish Wittgenstein’s claim that “an ‘inner process’ stands in need of outward criteria” (PI §580) there is an enthymeme in Wittgenstein’s private language argument (henceforth PLA) overlooked in the literature, namely Wittgenstein’s suggestion that both perceptual and bodily experiences are transparent in the relevant sense that one cannot point to a mental state and wonder “What is that?” From a systematic viewpoint, (...) I aim to show that Wittgenstein’s PLA teaches us that the prevailing picture of the nature of phenomenal concepts (henceforth PCs) is upside down: we can only introspectively know what is going on inside our heads after we learn of what is going on outside (PI §580). In this regard, I aim to defend two associate claims against the prevailing view of PCs on the basis of PLA. First, by means of transparency, I aim to show that there is no de re awareness of our private sensation that could determine the meaning of sensation words; for example, I am never aware of the phenomenal blueness of my experience of something blue. The second associated claim is that introspective self-knowledge of our private sensations is always de dicto. We can only know introspectively that phenomenal blueness is the phenomenal character of the experience we are undergoing after we have learned that (de dicto knowledge) blue is the color that usually causes us that kind of experience. Likewise, we can only introspectively know that pain is the phenomenal character of the experience we are undergoing after we have learned that pain is what usually causes some typical pain behavior. (shrink)

This paper aims to reassess a notion in the works of the later Husserl that is both historically important and philosophically insightful, but remains understudied, namely, that of type. In opposition to a standard reading which treats Husserl’s type presentations as pre-conceptual habits, this paper argues that these representations are a specific kind of concept. More precisely, it shows that Husserl’s account of type presentations is akin to the contemporary prototype theory of concepts. This is historically important, since the (...) predecessor of the prototype theory is usually said to be Wittgenstein. From a philosophical standpoint, the paper shows that Husserl has an innovative account of the connection between type concepts and their extension. Contrary to the standard view of extensions as sets and thus sharp entities, Husserl develops a correlationalist theory of concepts, according to which, for the specific characteristics in the structure of a concept, there are corresponding characteristics in the arrangement of its members, and vice versa. According to this theory, while sharp concepts lead to sharp extensions, vague concepts such as (proto)type concepts lead to vague extensions. The paper presents this understanding of Husserl in detail and explains its philosophical significance. (shrink)

The experiences described in the VIP transcripts are incredibly varied and yet frequently explicitly labelled by participants as "voices." How can we make sense of this? If we reflect carefully on uses of the word "voice", we see that it can express at least two entirely different concepts, which pick out categorically different phenomena. One concept picks out a speech sound (e.g. "This synthesizer has a "voice" setting"). Another concept picks out a specific agent (e.g. "I hear two voices: (...) one is a ten year-old boy…"). This chapter explores how these two concepts are related to one another in the context of voice-hearing. (shrink)

Since W. B. Gallie introduced the notion of essentially contested concepts (ECCs) in 1956, social science scholars have increasingly used his framework to analyze key concepts drawing “endless disputes” from contestant users. Despite its merits, the ECC framework has been limited by a neglect of social, cultural, and political contexts, the invisibility of actors, and its ahistorical character. To understand how ECCs evolve and change over time, I use a conceptual history approach to study the concept of philanthropy, (...) recently labeled as an ECC. Using France during classical modernity as a case study, I analyze key events and actors from the concept’s inception in 1712 as a virtue of the Enlightenment to its triumph after 1789 as a secular alternative to Catholic charity, until its decline at the end of the nineteenth century as a new consensus emerged around the concept of solidarity. By introducing the notion of historically contested concepts, I make several contributions to research on ECCs, conceptual contestation, and conceptual change. (shrink)

A number of debates in philosophy of biology and psychology, as well as in their respective sciences, hinge on particular views about the relationship between genotypes and phenotypes. One such view is that the genotype-phenotype relationship is relatively straightforward, in the sense that a genome contains the ?genes for? the various traits that an organism exhibits. This leads to the assumption that if a particular set of traits is posited to be present in an organism, there must be a corresponding (...) number of genes in that organism's genome to account for those traits. This assumption underlies what can be called the ?counting argument,? in which empirical estimates of the number of genes in a genome are used to support or refute particular hypotheses in philosophical debates about biology and psychology. In this paper, we assess the counting argument as it is used in discussions of the alleged massive modularity of the brain, and conclude that this argument cannot be upheld in light of recent philosophical work on gene concepts and empirical work on genome complexity. In doing so, we illustrate that there are those on both sides of the debate about massive modularity who rely on an incorrect view of gene concepts and the nature of the genotype-phenotype relationship. (shrink)