Faulkner a bâti une partie de sa renommée sur la violence parfois controversée de ses récits. Mais l’acte criminel retient moins son attention que son contexte et sa signification morale. L’objet premier de la littérature, selon Faulkner, ce sont les conflits de l’homme, ou du cœur humain, avec eux-mêmes. Le propos de cet article est de mettre en évidence la façon dont Faulkner subvertit le modèle du roman noir, et substitue à l’enjeu traditionnel des histoires policières, celui des faits et (...) de l’identité du coupable, un problème moral. Il donne quelques indications sur la structure générale des rapports crime-culpabilité dans l’œuvre de Faulkner, avant de montrer comment cette thématique se décline dans ses « histoires de crime » au sens propre, c’est-à-dire dans L’Intrus (Intruder in the dust, 1948) et Le Gambit du cavalier, et irrigue la reconstitution faulknérienne de la société du Sud et de l’histoire des États-Unis. (shrink)

Que les récits utopiques et contre-utopiques sont-ils censés nous apprendre que nous ne sachions déjà – que l'état du monde pourrait être meilleur, ou pire, qu'il n'est ? Qu'ont-ils à nous dire de la sanction pénale, comme concept et comme pratique, et que celle-ci nous apprend-elle en retour des limites de l'utopie comme récit et comme discours ? En mettant l'accent sur les références explicites, dans 1984, à la suppression systématique de tout ce qui pourrait ressembler à une règle, et (...) en resituant le roman dans le contexte social et colonial de l'expérience orwellienne de l'injustice pénale, cet article montre que les lectures d'Orwell inspirées de Rorty, Foucault et Deleuze, et centrées sur les notions de pouvoir, de discipline et de contrôle, manquent en partie leur objet. Ni simple « satire », ni « prophétie », ni « expérience de pensée », 1984 exprime la grammaire profonde de notre conception libérale du droit pénal, comme le dirait Wittgenstein. S'il n'est jamais question pour Orwell de dénoncer l'utopie comme intrinsèquement dangereuse, 1984 révèle toutefois qu'il est impossible d'en saisir l'élément de perfection par le droit. En ce sens, la « dernière utopie » des droits humains (S. Moyn) n'en est pas une. --- What are we supposed to learn from utopian/dystopian fiction – beyond the obvious fact that the state of the world could be better, or worse ? What can these fables tell us about criminal penalty as a concept and as practice ? Conversely, what can punishment tell us of the limits of utopia as a tale and as discourse ? By stressing 1984's explicit references to the meticulous elimination of anything vaguely resembling a rule, while putting the novel in the perspective of Orwell's social and colonial experience of penal injustice, this paper shows that interpretations of Orwell inspired by the likes of Rorty, Foucault or Deleuze, which are grounded on power, discipline or control, somehow miss their target. No mere “satire” nor “prophecy”, nor even “thought experiment”, 1984 expresses the deep-seated grammar of our liberal conception of penal law, as Wittgenstein would put it. While Orwell aims in no way to dismiss utopia as intrinsically dangerous, 1984 however shows that the element of perfection it contains cannot be grasped by law. In this respect, the “Last Utopia” of human rights (S. Moyn) is certainly not one. (shrink)

Le modèle unificationniste de l’explication métaphysique, basé sur les travaux de Kitcher sur l’explication scientifique, offre une alternative intéressante aux modèles présumant la conception supportive de l’explication métaphysique [backing model]. Par contre, le caractère adéquat de ce modèle, i.e. sa capacité à classifier comme métaphysiquement explicative/non-explicative des propositions qui préthéoriquement sont classés comme tel, n’a pas encore été exploré. Pour ce faire, des interprétations pour les relations de détermination et d’appartenance à un ensemble sont fournies. Celles-ci étant potentiellement sujette au (...) problème d’artificialité, i.e. présence d’un biais structurel favorisant l’attribution du caractère explicatif, une réponse est offerte. En effet, le modèle unificationniste permet d’identifier les patrons argumentatifs pouvant être légitimement mis en compétition en comparant la distance entre les ensembles de faits qui doivent être considérés comme vrais dans la formulation d’un patron argumentatif. Cette propriété a des conséquences intéressantes dans l’identification du niveau adéquat de débat entre des propositions compétitrices. (shrink)

Experimental philosophy of consciousness aims to investigate and explain our thinking about phenomenally conscious states. Based on empirical studies, researchers have argued (a) that we lack a folk concept of consciousness, (b) that we do not think entities like Microsoft feel regret, (c) that unfelt pains are widely accepted, and (d) that people do not attribute phenomenally conscious states to duplicated hamsters. In this article, I review these and other intriguing claims about people’s understanding of phenomenal consciousness. In doing so, (...) I also show why experimental philosophy of consciousness is challenging, although perhaps not quite as daunting as studying phenomenal consciousness itself. (shrink)

Née il y a quatre-vingts ans, la «philosophie continentale» arrive au terme de son parcours. Sa carrière extraordinaire s’est vue favorisée par l’absence presque totale d’intérêt, de la part des philosophes analytiques ou des autres philosophes «exacts», pour ce que le philosophe australien David Stove appelle «la nosologie de la philosophie»2, l’exploration des multiples formes qu’a prises la mauvaise philosophie. Stove indique qu’une telle entreprise implique qu’on fasse de l’histoire. Tout au moins dans un premier temps, la nosologie de la (...) philosophie continentale est inséparable de l’histoire de cette lignée de la philosophie du vingtième siècle, histoire qui clarifierait les rapports historiques et philosophiques entre cette philosophie et la philosophie exacte. (shrink)

Les mots « métaphysique » et « ontologie » se disent de façons multiples à l’intérieur de la philosophie analytique et ailleurs dans la philosophie du vingtième siècle. Ils sont souvent employés pour parler de la théorie ou l’analyse de ce qu’il y a, des espèces principales de ce qu’il y a et de leurs rapports. Mais les positivistes viennois, par exemple, appelaient « métaphysiques » les philosophies qu’ils n’aimaient pas (Carnap 1985, Campbell 1976 ch. 2)1. Et si Quine parle (...) de l’engagement ontologique ou ontique d’une théorie, celui-ci ne se confond nullement avec un engagement métaphysique ou existentiel quelconque. (shrink)

Toutes les propriétés sont-elles sur un pied d’égalité ? Selon une réponse populaire, toutes les propriétés ne sont pas également fondamentales : certaines sont fondamentales ou rares (« sparses »), tandis que d’autres ne le sont pas. Une version de cette réponse soutient que les propriétés fondamentales sont les propriétés causalement efficaces. Une autre version soutient que les propriétés fondamentales sont des entités temporelles ou même des forces ou des pouvoirs. Une autre version encore soutient que les propriétés positives, contrairement (...) aux propriétés négatives ou disjonctives, sont fondamentales. (shrink)

Le problème de l’induction (humien) a récemment été abordé par Steel dans son article de 2010. Celui-ci soutient que les théories d’apprentissage formelles permettent de justifier logiquement le principe de l’induction, ce dernier assurant la fiabilité logique des méthodes. Cette proposition a été critiquée par Howson en 2011, ce dernier mettant en doute la possibilité même qu’une méthode puisse être logiquement fiable. Bien que Steel ait offert une réponse à cette critique, il n’y répond pas directement. Dans le présent article, (...) une réponse frontale à celle-ci est offerte en s’inspirant des pratiques de tests d’hypothèses en sciences biologiques. Pour ce faire, une règle de construction des ensembles d’hypothèses est proposée, règle offrant une justification logique au fait qu’une méthode convergera nécessairement vers la vérité. Cet amendement étant cohérent avec l’ensemble de la proposition de Steel, il est ainsi possible d’affirmer que sa thèse est renforcée par cette proposition. (shrink)

Une des contributions phares de Luc Bégin à l’éthique publique est d’avoir bien documenté les obstacles auxquels les gardiens institutionnels québécois doivent porter une attention particulière. Bégin s’est notamment intéressé aux conditions dans lesquelles les ordres professionnels, comme l’Ordre des ingénieurs du Québec, sont moins susceptibles de protéger le public contre des pratiques répréhensibles (corruption, collusion, etc.). Je poursuis les réflexions de Bégin à partir d’un point de vue « épistémique ». Je montre d’abord comment les ordres professionnels ont tendance (...) à produire des connaissances sur l’état de la profession à partir des informations partagées par leurs propres membres. J’analyse comment cette pratique peut générer un biais du survivant, et obscurcir des problèmes centraux à une profession. Finalement, je propose des pistes de solution à ce problème pour les ordres professionnels. (shrink)

Cet article a deux objectifs. Le premier est de montrer pourquoi l’argument instrumental en faveur de la démocratie est insuffisant pour justifier la délibération politique. Si notre but est l’optimisation du potentiel épistémique d’un régime politique, et que des approches agrégatives et inférentielles (sans délibération) atteignent cet objectif, alors nous ne pouvons plus justifier la délibération sur cette base. Ce problème peut être contourné en reprenant une distinction de Daniel Andler. Pour ce dernier, le groupe délibératif se distingue du groupe (...) agrégatif parce qu’il permet aux agents, par une occasion éducative informelle, de se responsabiliser. La délibération présente donc un potentiel épistémique supérieur, mais qui ne se limite pas à identifier la meilleure réponse dans un temps donné. Le second objectif de l’article est de montrer comme l’argument d’Andler fait le pont entre, d’une part, les théories de la justification publique et, d’autre part, les théories de la démocratie épistémique. (shrink)

Cet article poursuit la réflexion de Dilhac (2014) touchant la relation entre politique et vérité. Au terme d’une analyse de la tolérance chez Mill et Popper, Dilhac conclut qu’une conception épistémique de la tolérance manque sa dimension politique, et qu’il est préférable d’opter pour le concept rawlsien de consensus raisonnable. Discutant ces résultats, le premier objectif est ici de montrer qu’une notion de « raisonnabilité » peut facilement trouver ses racines dans la neutralité scientifique wébérienne, et donc être porteuse d’une (...) dimension épistémique minimale. Le second objectif est de clarifier l’impact de cet argument particulier sur le débat général entourant la démocratie épistémique. Il sera défendu que l’opposition traditionnelle entre les conceptions épistémique et politique de la délibération est à trouver dans un certain perfectionnisme épistémique, mais qu’il existe au moins une conception minimale du potentiel épistémique tout à fait compatible avec les valeurs fondamentales du libéralisme, comme l’inclusion, l’égalité ou la diversité. En d’autres termes, les exigences épistémiques minimales de la neutralité scientifique peuvent être indépendantes du perfectionnisme épistémique. (shrink)

L’objectif de cet article est double. D’une part, il vise à identifier une interprétation éthique de la neutralité axiologique, et non de réduire ce critère à des considérations épistémologiques comme la distinction entre faits et valeurs. On peut, en effet, interpréter le critère de neutralité axiologique comme un mécanisme visant à défendre l’autonomie des différents membres de la communauté universitaire. D’autre part, cet article entend utiliser cette interprétation éthique pour répondre aux critiques contemporaines de la neutralité axiologique. Amartya Sen et (...) Hilary Putnam ont proposé des critiques pertinentes de la neutralité axiologique, en réfléchissant sur les conditions d’objectivité du discours éthique et politique. Au terme de cette analyse, nous proposerons une conception publique de la science, qui répond à l’impératif éthique de neutralité en sciences sociales, ainsi qu’au programme de recherche amorcé par Sen et Putnam. L’examen critique et public de la science est ce qui permet de respecter tant l’exigence de neutralité chez Weber que la demande d’une science renouvelée chez Sen et Putnam. (shrink)

L’objectif de cette article est de comprendre la neutralité axiologique non pas comme une exigence épistémologique, mais plutôt comme un idéal éducationnel. Max Weber propose une science basée sur la description factuelle, de laquelle on exclut la formulation de jugements de valeur. Or, il faut démontrer pourquoi il est préférable de séparer les jugements descriptifs des jugements évaluatifs. L’objectif de Weber est de préserver l'autonomie intellectuelle des étudiants. Pour Weber, la classe et l'académie en général sont des lieux politiques. Ces (...) rapports au sein de la classe sont nécessaires pour transmettre des connaissances, des méthodes et le goût de l'autonomie intellectuelle. Or, il serait contraire au principe d'autonomie de laisser le professeur influencer et convaincre ses étudiants, de façon partisane, d'adhérer à certaines thèses normatives. Weber propose ainsi un mécanisme pour éviter que le professeur n'ixnfluence ses étudiants de manière illégitime. (shrink)

Pourquoi accorder un rôle essentiel à la délibération publique dans le choix des normes éthiques et politiques guidant les sciences? À partir d’un débat récent en économie du bien-être, cet article soutient que l’introduction de normes éthiques et politiques en sciences doit respecter le principe de neutralité procédurale, et qu’une délibération publique bien encadrée respecte ce principe. Je présenterai deux raisons de croire que les sciences doivent respecter la neutralité procédurale. Le premier argument est lié au rôle que devrait jouer (...) l’examen libre et critique dans le développement des sciences. Le second argument repose sur l’idée que les sciences devraient être sensibles aux procédures présentant le meilleur potentiel épistémique. Pour ces deux raisons, si elle prend position en faveur d’idéaux normatifs, l’économie du bien-être devrait se tourner vers une approche délibérative, rationnelle et impartiale pour y parvenir. (shrink)

La neutralité axiologique est souvent présentée comme une vertu professorale, ou comme une composante essentielle d'une déontologie de l'enseignement. Nous mettons cette conception de la neutralité axiologique à l'épreuve, notamment parce qu'elle ne permet pas d'expliquer 1) l'importance d'un enseignement diversifié, 2) l'importance, pour les personnes subissant une influence illégitime, d'avoir des recours institutionnels, et 3) l'importance qui devrait être accordée par l'Université à l'autonomie des étudiant-e-s. Pour ces raisons, nous proposons plutôt d'interpréter la neutralité axiologique comme une exigence institutionnelle, (...) exigence compatible avec une certaine tradition de la liberté académique. (shrink)

Le but de ce recueil est d’offrir des commentaires accessibles et introductifs aux textes classiques qu’ils accompagnent, en ouvrant des perspectives de discussion sur le thème du capitalisme. C’est en ce sens qu’Emmanuel Chaput lance le débat en commentant le texte de Pierre-Joseph Proudhon, « Qu’est-ce que la propriété ? ». Les textes de Karl Marx ne sont bien sûr pas laissés pour compte : Samuel-Élie Lesage s’engage fermement dans cette voie en discutant L’idéologie allemande de Karl Marx, Christiane Bailey (...) nous offre d’approcher différemment l’œuvre marxienne en abordant son traitement de la question animale dans des extraits du Manifeste du parti communiste et du Travail salarié et capital, et Mathieu Joffre-Lainé nous présente une analyse fine des questions proprement économiques du Capital. Abordant les alternatives au capitalisme dans la pensée de Léon Bourgeois, Éliot Litalien commente La Solidarité et Simon-Pierre Chevarie-Cossette s’attaque à l’analyse de l’Essai d’une philosophie de la solidarité. Enfin, en liant capitalisme, patriarcat et pouvoir politique, Tara Chanady propose une lecture du texte Du mariage et de l’amour de Emma Goldman. La conclusion de Marie-Eve Jalbert se situe dans une perspective contemporaine et critique en décortiquant la critique du socialisme avancée par Friedrich A. Hayek. (shrink)

Un biologiste fait une découverte incompatible avec des conceptions religieuses de la vie bonne. En classe, un professeur d'université profite de son exposé magistral pour faire la promotion d'une idéologie politique. Un fonds de recherche des sciences sociales refuse de financer un projet visant à résoudre le problème de la sous-représentation des femmes en politique, affirmant qu'une telle recherche n'est pas scientifique. Tous ces exemples témoignent de l'interaction constante entre, d'une part, l'enseignement et la recherche scientifique, et d'autre part, les (...) enjeux normatifs au sein de sphères d'influence. Les sciences doivent-elles être neutres? La normativité des sciences est-elle inévitable? Et de quoi parle-t-on lorsque nous faisons référence à la neutralité scientifique? Cette entrée exposera les principales réponses à ces trois questions. Après avoir clarifié le cadre conceptuel et la problématique de cette entrée, nous explorerons les approches wébérienne et positiviste en faveur de la neutralité des sciences. Ces deux perspectives seront confrontées à divers objections, notamment celles du pragmatisme américain. En réponse à l’ethos mertonien des sciences, nous présenterons finalement la critique féministe selon laquelle les disciplines scientifiques ne peuvent pas faire l’économie d’objectifs éthiques, politiques ou sociaux. Pour des raisons de simplicité, cette entrée approfondira surtout des modèles et arguments issus de l’économie, de la biologie et des sciences de la santé, des disciplines ayant été au cœur des controverses entourant la neutralité des sciences. (shrink)

Prouver et gouverner étudie le rôle des institutions, des conventions et des enjeux normatifs dans la construction d’indicateurs quantitatifs. Desrosières pense qu’on ne peut étudier le développement scientifique des statistiques sans prendre en compte le développement institutionnel – en particulier le rôle de l’État – dans la constitution de cette discipline.

With Jan Degenaar and Kevin O’Regan’s (D&O) critique of (what they call) ‘autopoietic enactivism’ as point of departure, this article seeks to revisit, refine, and develop phenomenology’s significance for the enactive view. Arguing that D&O’s ‘sensorimotor theory’ fails to do justice to perceptual meaning, the article unfolds by (1) connecting this meaning to the notion of enaction as a meaningful co-definition of perceiver and perceived, (2) recounting phenomenological reasons for conceiving of the perceiving subject as a living body, and (...) (3) showing how the phenomenological perspective does a better job at fulfilling D&O’s requirement for grounding notions of mentality in ‘outer’ criteria than they do. The picture that thus emerges is one of perceptual meaning as an integration of lived, living, and behavioral aspects – a structure of behavior that cannot be captured by appeal to sensorimotor capacities alone but that is adequately illuminated by the enactive notion of adaptive autonomy. (shrink)

On compte, parmi les nombreux ennemis de Kevin Mulligan, une foule de personnes bigarrées et (selon notre professeur) profondément vicieuses : les philosophes continentaux, les pharisiens, les amis de l’Europe, des Droits de l’Homme, du politiquement correct, des lettres, des études genres et bien sûr, les gauchistes. On peut faire remonter le terme "gauchiste" à Lénine (1920) qui en usait pour designer cette gauche (communiste) qui, pour rester fidèle à son idéologie, refusait de participer aux élections et, par conséquent, (...) était condamnée à rester éternellement un groupuscule. Pour Vladimir Illich, le vice des gauchistes est prudentiel : parce qu’ils sont focalisés sur leur idéologie, les gauchistes n’agissent pas pour prendre le pouvoir. Ce vice est doublé d’une faute épistémique : en s’arc-boutant (comme des enfants) sur leurs principes – quitte à ne jamais voir leurs idées aboutir –, les gauchistes sont bêtes. Le reproche de Lénine n’est pas très éloigné de celui que l’on fait habituellement à la gauche : elle a de grands rêves irréalisables qu’elle ne cherche jamais à concrétiser – ou de manière magistralement infantile. Cette vision du gauchiste comme un brave hippie un peu benêt sous-estime largement, à mon sens, les vices instanciés par les personnes atteintes de cette maladie politique. -/- Dans cet article, je vous propose d’explorer avec moi tous les vices du gauchisme en regardant, pour commencer, (I) ce que sont la gauche et la droite, puis en avançant pas à pas, (II) une définition en conditions nécessaires et suffisantes du gauchisme. Il conviendra également de ne pas oublier son opposé, tout aussi dangereux (et trop méconnu), le droitisme. C’est pourquoi, une fois que nous aurons caractérisé le gauchisme, je proposerai (III) une définition du droitisme en détaillant ses vices les plus inavouables. Nous pourrons alors (IV) identifier ce qu’est, en général, cette maladie infantile de la politique, suite à quoi (V) je vous prescrirai un vaccin pour vous en prémunir. Avant de débuter, il convient de préciser que si nous parlons ici de gauchisme et de droitisme, nous ne faisons aucune assomption concernant la gauche et la droite ; une personne de gauche n’est pas nécessairement un gauchiste ; de même, tout homme ou femme de droite qui se respecte cherche à tout prix à éviter les droitistes (et vice versa). (shrink)

In this paper, we focus on whether and to what extent we judge that people are responsible for the consequences of their forgetfulness. We ran a series of behavioral studies to measure judgments of responsibility for the consequences of forgetfulness. Our results show that we are disposed to hold others responsible for some of their forgetfulness. The level of stress that the forgetful agent is under modulates judgments of responsibility, though the level of care that the agent exhibits toward performing (...) the forgotten action does not. We argue that this result has important implications for a long-running debate about the nature of responsible agency. (shrink)

This article argues that non-consensual vaccination is morally impermissible, for the same reasons for which sexual assault is not permissible. Likewise, mandatory vaccination is morally akin to sexual harassment, and therefore is not to be allowed.

Recent years have seen fresh impetus brought to debates about the proper role of statistical evidence in the law. Recent work largely centres on a set of puzzles known as the ‘proof paradox’. While these puzzles may initially seem academic, they have important ramifications for the law: raising key conceptual questions about legal proof, and practical questions about DNA evidence. This article introduces the proof paradox, why we should care about it, and new work attempting to resolve it.

Readers familiar with the workhorse of cosmology, the hot big bang model, may think that cosmology raises little of interest about time. As cosmological models are just relativistic spacetimes, time is understood just as it is in relativity theory, and all cosmology adds is a few bells and whistles such as inflation and the big bang and no more. The aim of this chapter is to show that this opinion is not completely right...and may well be dead wrong. In our (...) survey, we show how the hot big bang model invites deep questions about the nature of time, how inflationary cosmology has led to interesting new perspectives on time, and how cosmological speculation continues to entertain dramatically different models of time altogether. Together these issues indicate that the philosopher interested in the nature of time would do well to know a little about modern cosmology. (shrink)

AI designers endeavour to improve ‘autonomy’ in artificial intelligent devices, as recent developments show. This chapter firstly argues against attributing metaphysical attitudes to AI and, simultaneously, in favor of improving autonomous AI which has been enabled to respect autonomy in human agents. This seems to be the only responsible way of making further advances in the field of autonomous social AI. Let us examine what is meant by claims such as designing our artificial alter egos and sharing moral selves with (...) artificial humanoid devices. (shrink)

In this chapter, we introduce the notion of “moral neuroenhancement,” offering a novel definition as well as spelling out three conditions under which we expect that such neuroenhancement would be most likely to be permissible (or even desirable). Furthermore, we draw a distinction between first-order moral capacities, which we suggest are less promising targets for neurointervention, and second-order moral capacities, which we suggest are more promising. We conclude by discussing concerns that moral neuroenhancement might restrict freedom or otherwise “misfire,” and (...) argue that these concerns are not as damning as they may seem at first. (shrink)

Despite playing an important role in epistemology, philosophy of science, and more recently in moral philosophy and aesthetics, the nature of understanding is still much contested. One attractive framework attempts to reduce understanding to other familiar epistemic states. This paper explores and develops a methodology for testing such reductionist theories before offering a counterexample to a recently defended variant on which understanding reduces to what an agent knows.

There are a number of important links and similarities between public health and safety. In this extended essay, Gregg D. Caruso defends and expands his public health-quarantine model, which is a non-retributive alternative for addressing criminal behavior that draws on the public health framework and prioritizes prevention and social justice. In developing his account, he explores the relationship between public health and safety, focusing on how social inequalities and systemic injustices affect health outcomes and crime rates, how poverty affects brain (...) development, how offenders often have pre-existing medical conditions (especially mental health issues), how involvement in the criminal justice system itself can lead to or worsen health and cognitive problems, how treatment and rehabilitation methods can best be employed to reduce recidivism and reintegrate offenders back into society, and how a public health approach could be successfully applied within the criminal justice system. Caruso's approach draws on research from the health sciences, social sciences, public policy, law, psychiatry, medical ethics, neuroscience, and philosophy, and he delivers a set of ethically defensible and practically workable proposals for implementing the public health-quarantine model. The essay begins by discussing recent empirical findings in psychology, neuroscience, and the social sciences that provide us with an increased understanding of the social and neurological determinants of health and criminal behavior. It then turns to Caruso's public health-quarantine model and argues that the model provides the most justified, humane, and effective approach for addressing criminal behavior. Caruso concludes by proposing a capability approach to social justice grounded in six key features of human well-being. He argues that we cannot successfully address concerns over public health and safety without simultaneously addressing issues of social justice—including the social determinants of health (SDH) and the social determinants of criminal behavior (SDCB)—and he recommends eight general policy proposals consistent with his model. (shrink)

Metaethical expressivism is typically characterised as the view that normative statements express desire-like attitudes instead of beliefs. However, in this paper I argue that expressivists should claim that normative statements express beliefs in normative propositions, and not merely in some deflationary sense but in a theoretically robust sense explicated by a theory of propositional attitudes. I first argue that this can be achieved by combining an interpretationist understanding of belief with a nonfactualist view of normative belief content. This results in (...) a view I call ‘interpretative expressivism’. I then argue that traditional arguments employed by expressivists that normative statements express noncognitive attitudes can just as well support the claim that normative statements express nonfactual or nonrepresentational beliefs. Finally, I argue that this view has a number of advantages to versions of expressivism that deny that normative statements express non-deflationary normative beliefs. (shrink)

In a recent reply to our article, “What is Interpretability?,” Prasetya argues against our position that artificial neural networks are explainable. It is claimed that our indefeasibility thesis—that adding complexity to an explanation of a phenomenon does not make the phenomenon any less explainable—is false. More precisely, Prasetya argues that unificationist explanations are defeasible to increasing complexity, and thus, we may not be able to provide such explanations of highly complex AI models. The reply highlights an important lacuna in our (...) original paper, the omission of the unificationist account of explanation, and affords us the opportunity to respond. Here, we argue that artificial neural networks are explainable in a way that should satisfy unificationists and that interpretability methods present ways in which ML theories can achieve unification. (shrink)

This Element examines the concept of moral responsibility as it is used in contemporary philosophical debates and explores the justifiability of the moral practices associated with it, including moral praise/blame, retributive punishment, and the reactive attitudes of resentment and indignation. After identifying and discussing several different varieties of responsibility-including causal responsibility, take-charge responsibility, role responsibility, liability responsibility, and the kinds of responsibility associated with attributability, answerability, and accountability-it distinguishes between basic and non-basic desert conceptions of moral responsibility and considers a (...) number of skeptical arguments against each. It then outlines an alternative forward-looking account of moral responsibility grounded in non-desert-invoking desiderata such as protection, reconciliation, and moral formation. It concludes by addressing concerns about the practical implications of skepticism about desert-based moral responsibility and explains how optimistic skeptics can preserve most of what we care about when it comes to our interpersonal relationships, morality, and meaning in life. (shrink)

This paper develops an account of the distinctive epistemic authority of avowals of propositional attitude, focusing on the case of belief. It is argued that such avowals are expressive of the very mental states they self-ascribe. This confers upon them a limited self-warranting status, and renders them immune to an important class of errors to which paradigm empirical (e.g., perceptual) judgments are liable.

Olfactory perception provides a promising test case for enactivism, since smelling involves actively sampling our surrounding environment by sniffing. Smelling deploys implicit skillful knowledge of how our movement and the airflow around us yield olfactory experiences. The hybrid nature of olfactory experience makes it an ideal test case for enactivism with its esteem for touch and theoretical roots in vision. Olfaction is like vision in facilitating the perception of distal objects, yet it requires us to breath in and physically contact (...) the sensory object in a manner similar to touch. The paper offers an analysis of the central theoretical components of enactivism, whose soundness and empirical viability are tested using the empirical literature on sniffing. It will be shown that even if sniffing is an essential component of olfaction, the motoric component is not necessary for perceiving smells, which is contrary to the most crucial tenet of enactivism. Thus, the paper concludes that the theory cannot account for olfactory perception. (shrink)

Spinoza’s attitude toward nonhuman animals is uncharacteristically cruel. This essay elaborates upon this ostensible idiosyncrasy in reference to Hasana Sharp’s commendable desire to revitalize a basis for animal ethics from within the bounds of his system. Despite our favoring an ethics beginning from animal affect, this essay argues that an animal ethic adequate to the demands of our historical moment cannot be developed from within the confines of strict adherence to Spinoza’s system—and this is not yet to speak of a (...) more robust animal ethics which would advocate actual care and compassion for the animals themselves. We argue that on the assumption of Spinoza’s ontological biocentrism, in the presence of Spinozist determinism and the absence of an axiological biocentrism, an anthropocentric axiology necessarily follows. Any Spinozist animal ethic must fall back, therefore, upon appeals to the maximization of human pleasure and power; hence Spinoza’s ruthless injunction to “use (the animals) at our pleasure.” These are the very ontological and ethical assumptions which have incited human self-exaltation in the modern period, in pursuit of power and pleasure even despite the destructive long-term consequences for all the living. We suggest that an adequate animal ethic would require either an abandonment of Spinoza’s ontological biocentrism or the adoption of an axiological biocentrism. (shrink)

A realist theory of truth for a class of sentences holds that there are entities in virtue of which these sentences are true or false. We call such entities ‘truthmakers’ and contend that those for a wide range of sentences about the real world are moments (dependent particulars). Since moments are unfamiliar, we provide a definition and a brief philosophical history, anchoring them in our ontology by showing that they are objects of perception. The core of our theory is the (...) account of truthmaking for atomic sentences, in which we expose a pervasive ‘dogma of logical form’, which says that atomic sentences cannot have more than one truthmaker. In contrast to this, we uphold the mutual independence of logical and ontological complexity, and the authors outline formal principles of truthmaking taking account of both kinds of complexity. (shrink)

Traditionally, Aristotle is held to believe that philosophical contemplation is valuable for its own sake, but ultimately useless. In this volume, Matthew D. Walker offers a fresh, systematic account of Aristotle's views on contemplation's place in the human good. The book situates Aristotle's views against the background of his wider philosophy, and examines the complete range of available textual evidence. On this basis, Walker argues that contemplation also benefits humans as perishable living organisms by actively guiding human life activity, including (...) human self-maintenance. Aristotle's views on contemplation's place in the human good thus cohere with his broader thinking about how living organisms live well. A novel exploration of Aristotle's views on theory and practice, this volume will interest scholars and students of both ancient Greek ethics and natural philosophy. It will also appeal to those working in other disciplines including classics, ethics, and political theory. (shrink)

It is now commonly held that values play a role in scientific judgment, but many arguments for that conclusion are limited. First, many arguments do not show that values are, strictly speaking, indispensable. The role of values could in principle be filled by a random or arbitrary decision. Second, many arguments concern scientific theories and concepts which have obvious practical consequences, thus suggesting or at least leaving open the possibility that abstruse sciences without such a connection could be value-free. Third, (...) many arguments concern the role values play in inferring from evidence, thus taking evidence as given. This paper argues that these limitations do not hold in general. There are values involved in every scientific judgment. They cannot even conceivably be replaced by a coin toss, they arise as much for exotic as for practical sciences, and they are at issue as much for observation as for explicit inference. (shrink)

The impetus theory of motion states that to be in motion is to have a non-zero velocity. The at-at theory of motion states that to be in motion is to be at different places at different times, which in classical physics is naturally understood as the reduction of velocities to position developments. I first defend the at-at theory against the criticism raised by Arntzenius that it renders determinism impossible. I then develop a novel impetus theory of motion that reduces positions (...) to velocity developments. As this impetus theory of motion is by construction a mirror image of the at-at theory of motion, I claim that the two theories of motion are in fact epistemically on par—despite the unfamiliar metaphysical picture of the world furnished by the impetus version. (shrink)

The present article illustrates a conflict between the claim that rational belief sets are closed under deductive consequences, and a very inclusive claim about the factors that are sufficient to determine whether it is rational to believe respective propositions. Inasmuch as it is implausible to hold that the factors listed here are insufficient to determine whether it is rational to believe respective propositions, we have good reason to deny that rational belief sets are closed under deductive consequences.

This essay joins Wilhelm Dilthey’s conception of the metaphysical impulse as a flight from the tragedy of human finitude with Ludwig Wittgenstein’s understanding of how language bewitches intelligence. We contend that there are features of the phenomenology of language that play a constitutive and pervasive role in the formation of metaphysical illusion.

Predictable polarization is everywhere: we can often predict how people’s opinions, including our own, will shift over time. Extant theories either neglect the fact that we can predict our own polarization, or explain it through irrational mechanisms. They needn’t. Empirical studies suggest that polarization is predictable when evidence is ambiguous, that is, when the rational response is not obvious. I show how Bayesians should model such ambiguity and then prove that—assuming rational updates are those which obey the value of evidence—ambiguity (...) is necessary and sufficient for the rationality of predictable polarization. The main theoretical result is that there can be a series of such updates, each of which is individually expected to make you more accurate, but which together will predictably polarize you. Polarization results from asymmetric increases in accuracy. This mechanism is not only theoretically possible, but empirically plausible. I argue that cognitive search—searching a cognitively accessible space for a particular item—often yields asymmetrically ambiguous evidence, I present an experiment supporting its polarizing effects, and I use simulations to show how it can explain two of the core causes of polarization: confirmation bias and the group polarization effect. (shrink)

Kevin Lynch's books are the classic underpinnings of modern urban planning and design, yet they are only a part of his rich legacy of ideas about human purposes and values in built form. City Sense and City Design brings together Lynch's remaining work, including professional design and planning projects that show how he translated many of his ideas and theories into practice. An invaluable sourcebook of design knowledge, City Sense and City Design completes the record of one of the (...) foremost environmental design theorists of our time and leads to a deeper understanding of his distinctively humanistic philosophy. The editors, both former students of Lynch, provide a cogent summary of his career and of the role he played in shaping and transforming the American urban design profession during the 1950s, the 1960s, and the 1970s. Each of the seven thematic groupings of writings and projects that follow begins with a short introduction explaining their content and their background. The essays in part I focus on the premises of Lynch's work: his novel reading of large-scale built environments and the notion that the design of an urban landscape should be as meaningful and intimate as the natural landscape. In part II, excerpts from Lynch's travel journals reveal his early ideas on how people perceive and interpret their surroundings—ideas that culminated in his seminal work, The Image of the City. This part of the book also presents Lynch's experiments with children and his assessment of environmental-perception research. The examples of both small-scale and large-scale analysis of visual form in part III are followed by three parts on city design. These include Lynch's more theoretical works on complex planning decisions involving both functional (spatial and structural organization) and normative (how the city works in human terms) approaches, articles discussing the principles that guided Lynch's teaching and practice of city design, and descriptions of Lynch's own projects in the Boston area and elsewhere. The book concludes with essays written late in Lynch's career, fantasy pieces describing utopias and offering new design freedoms and scenarios warning of horrifying "cacotopias.". (shrink)

William Whewell raised a series of objections concerning John Stuart Mill’s philosophy of science which suggested that Mill’s views were not properly informed by the history of science or by adequate reflection on scientific practices. The aim of this paper is to revisit and evaluate this incisive Whewellian criticism of Mill’s views by assessing Mill’s account of Michael Faraday’s discovery of electrical induction. The historical evidence demonstrates that Mill’s reconstruction is an inadequate reconstruction of this historical episode and the scientific (...) practices Faraday employed. But a study of Faraday’s research also raises some questions about Whewell’s characterization of this discovery. Thus, this example provides an opportunity to reconsider the debate between Whewell and Mill concerning the role of the sciences in the development of an adequate philosophy of scientific methodology.Keywords: Inductivism; Experiment; Theory; Methodology; Electromagnetism. (shrink)

When confronted with especially complex ecological and social problems such as climate change, how are we to think about responsibility for collective inaction? Social and political philosophers have begun to consider the complexities of acting collectively with a view to creating more just and sustainable societies. Some have recently turned their attention to the question of whether more or less formally organized groups can ever be held morally responsible for not acting collectively, or else for not organizing themselves into groups (...) capable of so doing. In this paper I argue that several questionable assumptions have shaped the character and scope of inquiry to this point, precluding us from grappling with a range of important questions concerning the epistemic dimensions of collective inaction. I offer an overview of recent conversation concerning collective inaction, advance a critique of the picture of responsibility that has emerged from this conversation, and propose an alternative approach to th... (shrink)